dimanche 13 mars 2011

Les yeux du monde rivés sur le Japon – Le spectre nucléaire.

Le Japon a subi vendredi dernier le tremblement de terre le plus grave de son histoire, d'une magnitude aujourd'hui réévaluée à 9 sur l'échelle de Richter, suivi d'un Tsunami important qui a frappé de plein fouet la côte Nord-Est du pays.
Les victimes se comptent au moment où ces lignes sont écrites en milliers. Le nombre de disparus fait craindre un bilan final encore plus important, dépassant les dix mille morts. La communauté internationale se mobilise rapidement pour venir en aide aux sinistrés, notamment par l’envoi de nombreuses équipes de secouristes spécialistes de ce type de catastrophe. Un mot, en particulier, pour la Nouvelle Zélande qui se remet à peine de son propre séisme et qui s’apprête à détacher des hommes.
Les vidéos qui affluent sur le net (ici ou encore ) témoignent de la violence du cataclysme qui a frappé le pays du soleil levant.


En France, comme dans le reste du monde, tous les yeux sont fixés à l’Est. Le Japon vole, temporairement sans doute, un peu de lumière au colonel Khadafi et au débat sur l’Is… heuh heuh, la laïcité de l’UMP. Les chaînes d’information en continu ont sorti leurs logos customisés et leurs éditions permanentes pour ne pas perdre une miette des images et des informations qui ne cessent d’affluer.
Mais, déjà, toutes les attentions comment à se déporter sur un sujet bien particulier. Le tremblement de terre et le tsunami ne sont plus que des causes, presque lointaines, pour une menace bien plus effrayante pour le reste du monde : la menace nucléaire bien connue des créateurs de Mothra et autres monstres légendaires…
Là où les phénomènes climatiques ont eu des effets, certes mortels, mais localisés sur le pays, les dégâts subis par quelques unes (trois à l’heure actuelle) des nombreuses centrales nucléaires japonaises  pourraient entraîner des effets nocifs pour tous les pays du globe. Tchernobyl est déjà sur toutes les lèvres… Les ingénieurs et techniciens japonais luttent contre la montre, jour et nuit, pour refroidir les réacteurs dont les équipements ont été endommagés et stopper la possibilité que certains combustibles entrent en fusion. Les informations sont encore difficiles à obtenir (la priorité n’est pas vraiment à la phase de communication à outrance) mais on sait que certaines vapeurs radioactives se sont déjà échappées. La situation pourrait encore empirer…

Une partie des centrales japonaises.

Comme on pouvait s’en douter, les débats fleurissent déjà sur la place du nucléaire dans notre propre société française, comme s’il avait fallu une telle catastrophe pour que tout le monde se rappelle que le nucléaire n’est pas une énergie si anodine.
Comme aux élections régionales où un simple reportage de Yann Arthus-Bertrand avait été accusé de booster les votes Europe Écologie, il est facile d’imaginer que la couverture médiatique aura un impact non négligeable sur les votes aux prochaines élections voire les programmes politiques des présidentielles (si le sujet se maintient assez longtemps…).

Voilà donc en quelques jours, comment le débat politique français se retrouve polarisé dans une direction complètement différente. En début de semaine, le problème principal de la France était le fait que ses citoyens soient de confession musulmane. Une claque en mode tsunami plus tard et nous voilà en plein dans un sujet autrement plus pertinent, à savoir les choix économiques et énergétiques de notre pays dans les cinq prochaines décennies. Un sujet qui devrait à tout prix être traité de toute manière par l’ensemble du paysage politique et pas seulement par les Verts. Hélas, il faut attendre ce genre d’évènements pour qu’on puisse en débattre. Et, encore. Débat, il n’y aura peut-être pas tant les intérêts sont importants et poussés par des lobbys particulièrement puissants, tout en haut de l’État lui–même.
Est-il possible aujourd’hui de débattre d’un sujet comme celui-ci, moins « glamour » que la déchéance de nationalité et la polygamie ? Peut-on discuter le fait qu’il apporte à la France une indépendance énergétique appréciable ? Ou rappeler que certaines centrales nucléaires françaises sont dans un état de délabrement inquiétant ? Voire que toutes les garanties sont loin d’être apportées quant au traitement des déchets nucléaires ? Sans doute pas, hélas. Notre président ne souhaite pas porter son discours sur ce genre de sujets… Et les autres partis se font un plaisir de lui emboîter le pas de toute façon !

Sans commentaire.

Alors, reste à espérer au moins que la situation ne s’aggravera pas au Japon tout en permettant au sujet d’avoir un peu de lumière. Souhaitons bon courage à tous ceux qui vivent en ce moment des moments particulièrement difficiles. Il faut garder espoir en la capacité du Japon à se remettre sur pied après un tel coup. Certains économistes prédisent déjà que les nombreuses réparations et reconstructions pourraient sortir l’économie japonaise de l’ornière où elle se trouve, on aimerait le croire…
Quoiqu’il en soit, il est possible que le pays doive à nouveau absorber nombre de peurs liées à l’énergie nucléaire, enrichissant encore davantage son imagerie (pop)culturelle de monstres « godzillesques ». Difficile aujourd’hui de porter son regard sur l’avenir et les fruits qui pourront naître de ce sang et ces larmes…

Godzilla contre Ghidorah.