dimanche 3 avril 2011

Dernière ligne droite : les rats vont-ils se décider à quitter le navire ?

 Le résultat des cantonales a mis des chiffres sur ce que de nombreux analystes politiques prédisaient depuis plusieurs mois. Les dernières manœuvres politiques menées depuis l’Élysée n’ont, au mieux, pas réussi à ramener le vote populaire vers l’UMP, au pire, revigoré le FN à un niveau jamais vu depuis 2002.
Reste seulement à ne pas occulter l’effet prévisible d’une crise économique sur le vote populiste, cela par pur plaisir de souligner la torgnole que vient de se prendre le président. Autre chose à ne pas occulter : la progression du PS qui aurait pu (du ?) être bien plus importante si le parti s’était mis en ordre de bataille pour faire des cantonales autre chose qu’une élection à plus de 50% d’abstentionnistes (les vrais vainqueurs, il ne faudrait pas mettre ça sous le tapis).

Et maintenant, la panique commence à monter, lentement mais sûrement, du côté du premier parti de France (enfin, de celui qui se plaît à se faire appeler ainsi vu que personne ne connaît vraiment le nombre d’adhérents, spéciale dédicace au prestidigitateur Xavier Bertrand).
On ne nous fera pas croire que les députés et ministres paniquent à cause de la menace que fait porter le FN sur la république. Ils voient seulement avec une peur grandissante la présidentielle, et surtout les législatives 2012, s’approcher à grands pas tandis que leur champion creuse toujours plus profonds les abysses des sondages d’opinion. D’où les « prises de position courageuses », les « appels à un changement de politique » et autres « postures républicaines » qui ne sont rien d’autres que les petites tentatives de cumulards apeurés pour se protéger d’une défaite annoncée.

Il y a toujours des risques à l'ouvrir.
Une fois de plus, difficile de ne pas passer sa rage sur le petit mobilier (ou la vaisselle, à vous de voir) lorsqu’on est témoin d’un tel manque de courage et de probité politique. On finit par rêver du jour où certains hommes politiques de droite honnêtes (ne rigolez pas) seront capables de dire clairement qu’ils ne se reconnaissent pas dans une politique dictée par un ancien directeur du journal Minute et qu’en conséquence ils ne peuvent donc plus soutenir un parti/gouvernement/président qui ne peut plus se soulager sans que M. Buisson ne la lui tienne.
En attendant, il semble surtout que l’ensemble de la majorité s’entraîne au grand écart : avoir l’air le plus éloigné possible du président tout en gardant un pied bien ancré au sein de son parti. Entre Borloo qui fait surtout monter les enchères pour ne pas se présenter et Villepin qui va finir par prendre le petit déj’ à l’Elysée tous les matins, c’est à se frapper la tête contre les murs…

Grande question : un bouleversement du paysage politique est-il possible à droite ? Y aura-t-il un Dark Vador (ou Darth Vader pour nos amis puristes) pour se rebeller contre l’Empereur au dernier moment ? Ou, tels une bande de lemmings abrutis, iront-ils tous se jeter en file indienne dans le gouffre que le premier d’entre eux aura creusé ?

Les effets de la tentation du vote FN sur le teint sont assez désastreux.
Personnellement, j’ai tendance à croire que le mince espoir d’une victoire sur le fil de Sarkozy suffira à conserver l’unité de la famille et qu’il faudra attendre la probable défaite aux élections pour assister à l’éclatement de la machine à perdre. Dans un déchaînement de rivalités sordides, cela va sans dire. Messieurs Copé et Fillon aiguisent déjà leurs lames en futurs Némésis qui se respectent. Reste à savoir qui est Superman et qui est Lex Luthor…

dimanche 13 mars 2011

Les yeux du monde rivés sur le Japon – Le spectre nucléaire.

Le Japon a subi vendredi dernier le tremblement de terre le plus grave de son histoire, d'une magnitude aujourd'hui réévaluée à 9 sur l'échelle de Richter, suivi d'un Tsunami important qui a frappé de plein fouet la côte Nord-Est du pays.
Les victimes se comptent au moment où ces lignes sont écrites en milliers. Le nombre de disparus fait craindre un bilan final encore plus important, dépassant les dix mille morts. La communauté internationale se mobilise rapidement pour venir en aide aux sinistrés, notamment par l’envoi de nombreuses équipes de secouristes spécialistes de ce type de catastrophe. Un mot, en particulier, pour la Nouvelle Zélande qui se remet à peine de son propre séisme et qui s’apprête à détacher des hommes.
Les vidéos qui affluent sur le net (ici ou encore ) témoignent de la violence du cataclysme qui a frappé le pays du soleil levant.


En France, comme dans le reste du monde, tous les yeux sont fixés à l’Est. Le Japon vole, temporairement sans doute, un peu de lumière au colonel Khadafi et au débat sur l’Is… heuh heuh, la laïcité de l’UMP. Les chaînes d’information en continu ont sorti leurs logos customisés et leurs éditions permanentes pour ne pas perdre une miette des images et des informations qui ne cessent d’affluer.
Mais, déjà, toutes les attentions comment à se déporter sur un sujet bien particulier. Le tremblement de terre et le tsunami ne sont plus que des causes, presque lointaines, pour une menace bien plus effrayante pour le reste du monde : la menace nucléaire bien connue des créateurs de Mothra et autres monstres légendaires…
Là où les phénomènes climatiques ont eu des effets, certes mortels, mais localisés sur le pays, les dégâts subis par quelques unes (trois à l’heure actuelle) des nombreuses centrales nucléaires japonaises  pourraient entraîner des effets nocifs pour tous les pays du globe. Tchernobyl est déjà sur toutes les lèvres… Les ingénieurs et techniciens japonais luttent contre la montre, jour et nuit, pour refroidir les réacteurs dont les équipements ont été endommagés et stopper la possibilité que certains combustibles entrent en fusion. Les informations sont encore difficiles à obtenir (la priorité n’est pas vraiment à la phase de communication à outrance) mais on sait que certaines vapeurs radioactives se sont déjà échappées. La situation pourrait encore empirer…

Une partie des centrales japonaises.

Comme on pouvait s’en douter, les débats fleurissent déjà sur la place du nucléaire dans notre propre société française, comme s’il avait fallu une telle catastrophe pour que tout le monde se rappelle que le nucléaire n’est pas une énergie si anodine.
Comme aux élections régionales où un simple reportage de Yann Arthus-Bertrand avait été accusé de booster les votes Europe Écologie, il est facile d’imaginer que la couverture médiatique aura un impact non négligeable sur les votes aux prochaines élections voire les programmes politiques des présidentielles (si le sujet se maintient assez longtemps…).

Voilà donc en quelques jours, comment le débat politique français se retrouve polarisé dans une direction complètement différente. En début de semaine, le problème principal de la France était le fait que ses citoyens soient de confession musulmane. Une claque en mode tsunami plus tard et nous voilà en plein dans un sujet autrement plus pertinent, à savoir les choix économiques et énergétiques de notre pays dans les cinq prochaines décennies. Un sujet qui devrait à tout prix être traité de toute manière par l’ensemble du paysage politique et pas seulement par les Verts. Hélas, il faut attendre ce genre d’évènements pour qu’on puisse en débattre. Et, encore. Débat, il n’y aura peut-être pas tant les intérêts sont importants et poussés par des lobbys particulièrement puissants, tout en haut de l’État lui–même.
Est-il possible aujourd’hui de débattre d’un sujet comme celui-ci, moins « glamour » que la déchéance de nationalité et la polygamie ? Peut-on discuter le fait qu’il apporte à la France une indépendance énergétique appréciable ? Ou rappeler que certaines centrales nucléaires françaises sont dans un état de délabrement inquiétant ? Voire que toutes les garanties sont loin d’être apportées quant au traitement des déchets nucléaires ? Sans doute pas, hélas. Notre président ne souhaite pas porter son discours sur ce genre de sujets… Et les autres partis se font un plaisir de lui emboîter le pas de toute façon !

Sans commentaire.

Alors, reste à espérer au moins que la situation ne s’aggravera pas au Japon tout en permettant au sujet d’avoir un peu de lumière. Souhaitons bon courage à tous ceux qui vivent en ce moment des moments particulièrement difficiles. Il faut garder espoir en la capacité du Japon à se remettre sur pied après un tel coup. Certains économistes prédisent déjà que les nombreuses réparations et reconstructions pourraient sortir l’économie japonaise de l’ornière où elle se trouve, on aimerait le croire…
Quoiqu’il en soit, il est possible que le pays doive à nouveau absorber nombre de peurs liées à l’énergie nucléaire, enrichissant encore davantage son imagerie (pop)culturelle de monstres « godzillesques ». Difficile aujourd’hui de porter son regard sur l’avenir et les fruits qui pourront naître de ce sang et ces larmes…

Godzilla contre Ghidorah.

dimanche 20 février 2011

Révolutions à toutes les sauces.


Les révolutions sont à la mode en ce moment. Dans certaines parties du monde en tout cas.
En France, la question est sur toutes les lèvres du NPA au Parti de Gauche : le parfum de la révolution pourra-t-il un jour s’étendre jusqu’à nos vertes contrées ? Le peuple français se soulèvera-t-il comme un seul homme pour renverser le despote local ?
Intéressant d’imaginer que, dans la France d’aujourd’hui, certains continuent à appeler de leurs vœux un renversement et un changement de régime avec plus ou moins de dégâts collatéraux. Pourtant, de nos jours, « révolution » est un mot qui sonne très 18e siècle. Ou début du 20e au mieux. Facile dès lors de mettre toutes ces opinions de côté, au rayon « gentils passéistes » ou « vieux barbus abonné à Pif Gadget » (je tiens à dire que je n’ai rien contre ce noble magazine).

Mais c’est là que le bat blesse. Ignorer cette aspiration, c’est jeter un voile pudique sur une frange des électeurs qui ne se retrouvent pas dans le processus démocratique. Au point de porter tous leurs espoirs sur un avenir qui, il faut bien se l’avouer, n’a que bien peu de chances de se réaliser.
Quand la campagne présidentielle française se lance par un débat entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, j’y verrais un symbole. Et pas un bon. Plutôt du niveau de la pluie de sauterelles ou d’une visite du Surfer d’Argent (qui annonce la venue de Galactus le dévoreur de planètes comme tout le monde le sait… hum).
Est-ce donc ça aujourd’hui le cœur du débat ? Populisme contre populisme ? Anti-immigration contre anti-journalisme ? Petites phrases sur la 2nde guerre mondiale contre soutien inconditionnel au régime chinois (contre le Tibet s’il le faut) ? On va se rassurer hein, c’est surtout du buzz, de l’occupation d’antenne facile et un petit jeu avec ceux qui se sont déjà déclarés dans la course à la présidentielle. Mais pas que. Et ça, les sondages le montrent bien. Comme dans toute l’Europe, le populisme a la côte et c’est un symptôme assez moche de la crise.

Un débat Mélenchon-Le Pen : je préfère encore un bonhomme argenté et tout nu philosophant sur la fin du monde.

Quel rapport entre populisme et révolution ? Depuis Poujade, le populisme français ne peut faire un programme sans promettre dedans une « rupture » (tiens, ça me rappelle quelque chose). Cette rupture prend racine dans le « Tous pourris » et promet la mise à bas de tous ceux ayant un jour posé le pied dans les institutions dirigeantes. Pourquoi ?
Parce que la situation économique est merdique et ne risque pas de s’améliorer. Tout le monde est relativement conscient que les acquis sociaux sont en voie de disparition. Surtout, localement, personne n’a de solution pour redresser la barre à court terme vu que tout se joue à l’international avec notre bien-aimé capitalisme mondialisé.
Et, en vrac, la sortie de l’Euro(pe), la nationalisation de toutes les banques, le rétablissement de la peine de mort ou l’interdiction pure et simple des plus hauts salaires sont des mesures « révolutionnaires » (c'est-à-dire à même de changer notre société en profondeur). Certains espèrent donc qu’elles seront capables de nous sortir de l’ornière où nous nous trouvons. Problème : les politiques actuels sont trop responsables pour aller chercher des « solutions » pareilles. Solution : qu’ils dégagent !
A menaces extrêmes, normal d’aller chercher des réponses « extrêmes », me direz-vous ? Évidemment non. Même si la tentation est grande chez les partis dits « de gouvernement » de jouer avec cette tendance, il est indispensable de conserver notre consensus républicain et démocratique. Si l’impératif moral n’est pas déjà une raison suffisante, il faut au moins être conscient que si la France se referme sur elle-même, elle ne fera que perdre les dernières forces qui lui restent : son appartenance à l’Europe et sa position de pays capitaliste et démocratique qui lui permettent de supporter pour l’instant la pression des marchés (compte tenu de son statut économique pas si enviable).

On aurait pas l'air con avec Marine Le Pen en couverture du Times.

Espérons-donc que le paysage politique français va s’éloigner rapidement des extrêmes pour recentrer les débats sur des questions réalistes et surtout démocratiques. Je reste persuadé que les politiques ont toute latitude pour réorienter les sujets et que la mode populiste actuelle vient surtout d’en haut et pas d’en bas.
C’est comme dans l’univers des loisirs et du divertissement, la meilleure excuse pour proposer du contenu pourri (crossovers à foison ou films en 3D sans scénario) est « Nous donnons aux clients ce qu’ils attendent ». Mais nous devons toujours répondre : « Plutôt que de leur donner ce qu’ils veulent, donnons leur ce qui est bon pour eux ».

Le niveau 0 de la politique.

Dis comme ça, je me rends compte que c’est un discours particulièrement élitiste voire méprisant. Mais les politiques devraient l’adopter pour notre bien à tous et à toutes. Vous êtes d’accord ?

dimanche 16 janvier 2011

Les dangers de la démocratie.

Paradoxalement, en politique, la démocratie est souvent le pire des handicaps. Dans notre belle république démocratique, mieux vaut laisser de côté votes et débats contradictoires pour être bien placé sur la voie du pouvoir. Le débat ouvert et la confrontation des idées, ce sont un peu comme… la chaîne et le boulet qui peuvent vous entraîner vers le fond. Les français (ou en tout cas les médias) n’hésitent jamais à s’abattre sur ce qu’ils voient comme des « dissensions » ou pire… des « oppositions d’égos ».
Mieux vaut un bon gros égo qui écrase tout le monde et empêche les paroles déviantes de s’exprimer qu’un bordel de petits égos. Les « petites phrases » et les « luttes d’appareil » sont les bons petits ingrédients du parti inapte à gouverner. Alors qu’un leader autoritaire est « charismatique » et « courageux ». Putain d’injustice. Nous admirons les petits chefs et méprisons les unions.

Il y a de quoi rire jaune quand on voit à quel point la démocratie est minée par ceux-là même qui en profitent. C’est ce qu’on appelle jouer contre son propre camp. Appeler de ses vœux celui-là même qui va t’enlever ta liberté. Se foutre dans la merde tout seul.
Tout ça à cause de la nature humaine. Cette saleté. Pour se faire une idée de tout ce qui nous empêche d’avancer dans la bonne direction, je conseille la lecture de Lord of the Flies (Sa Majesté des mouches) de l’auteur anglais William Golding et 1984 de son compatriote George Orwell. Deux romans qui prennent aux tripes pour tous ceux qui sont capables d’y lire cette triste vérité : nous ne sommes pas naturellement bons, nous ne sommes pas des démocrates, nous ne voulons pas être libres.
Et ce n’est ni une question d’éducation, ni une question de société oppressive. Simplement ce que nous sommes et c’est peut-être le plus dur à encaisser. Et, accessoirement, ce sont deux putains d’histoires. Suivez donc les aventures d’un petit groupe d’enfants anglais échoués sur une île paradisiaque et découvrez la vie de Winston Smith, habitant d’Océania dans une société où « Big Brother vous regarde ».

Nazisme et Stalinisme font toujours bon ménage. Comme avec la dernière version du Crâne Rouge, Némésis de Captain America.

Tout cela doit vous paraître bien déprimant, non ? Le désarroi que l’on ressent lorsqu’on voit les remous produits et amplifiés par chaque prise de parole démocratique, justifiée ou non.
Heureusement, une lueur d’espoir est venue éclaircir le tableau ces derniers jours : la révolution tunisienne. Un grand mouvement démocratique qui a mené au renversement d’une dictature. L’avenir nous dira s’il accouchera d’une démocratie ou d’un nouveau régime totalitaire. Une fois de plus, il ne faut pas oublier que la démocratie pave parfois la route de ses ennemis.
On n’oubliera en tout cas pas les quelques paroles de nos chers dirigeants français lorsque Ben Ali occupaient encore ses beaux appartements tunisiens. Enfin, certains oublieront sans aucun doute mais je ne crois pas que ce sera le cas des tunisiens.

Ma réaction à ce qu'ont osé dire les ministres français sur le mouvement tunisien.

On pensera en tout cas aux sacrifices et aux morts qui ont permis cette victoire. Triste que la démocratie, chose si fragile, exige autant de ceux qui veulent la défendre.

Bonne année à tous ceux qui me font l'honneur de me lire.

PS 1 : Ce nouveau billet lance l’année 2011 en retard. Désolé pour ce long délai avant la reprise et, ne vous inquiétez pas, tout repart comme en 2010 !
PS 2 : Je suis plongé dans le premier omnibus de la dernière série Captain America. Une édition introuvable ou presque mais les épisodes sont disponibles en français dans le magasine Marvel Icons et en anglais sous forme de Trade Paperback. Je le conseille à tous ceux qui aiment les histoires d’espionnage, de nazis qui se font tabasser et de héros éternels. Même si vous n’aimez pas Captain America. Comme c’était mon cas.

mardi 14 décembre 2010

La théorie du complot et du con.

A votre avis, la société en général est-elle sur une pente ascendante ? Ou, au contraire, s’avance-t-elle à grands pas vers une apocalypse à gros budget (en 2012 bien sûr) ? Grande question, n’est-ce pas ?
De tout temps *mode dissertation de première*, l’humanité a balancé d’un côté puis de l’autre. Une confiance absolue dans le progrès et la capacité de l’homme à ne pas reproduire ses erreurs. Ou l’assurance qu’un passé lumineux est peu à peu remplacé par une chute glauque vers les ténèbres et le chaos. Une opposition comme nous les aimons tous, en mode Bien contre Mal, Jedi contre Sith ou… Steven Seagal contre Chuck Norris ?

En ce moment, en France et dans le monde, ce serait plutôt le côté « Fin du monde » qui l’emporte… Le moral des ménages, indicateur le plus déprimant qu’il soit, joue au yo-yo dans les tréfonds de l’échelle. Pour la première fois, il semblerait que l’espérance de vie ait baissé l’année passée aux USA. La crise est dans toutes les têtes et toutes les discussions, les jeunes sont des analphabètes casseurs multirécidivistes fan de Twilight et la planète sera bientôt un désert radioactif englouti sous les eaux et peuplé de vagabonds habillés en cuir (Mad Max, Ken le survivant, Fallout & co). Ça fait rêver quoi.

Le seul moyen de sauver notre avenir des jeunes.

La déprime à l’échelle planétaire est un concept assez flippant. Pour les quelques chanceux ayant pu côtoyer des personnes dépressives, vous savez que de la dépression à la parano il n’y a qu’un pas. Que les malades en question franchissent souvent d’un bond enjoué. Et lorsque c’est le monde qui déprime, la parano qui s’ensuit fait la taille d’un Mark Henry.
Conséquence immédiate : l’épidémie de théoriciens du complot persuadés que des millions de banquiers et diplomates juifs islamistes mormons supportant Obama infiltrent le gouvernement pour conquérir le monde/cacher des extraterrestres/voler nos femmes/manger nos enfants/détruire le capitalisme (rayez les mentions inutiles). Selon eux, si le monde va si mal, c’est bien que, dans l’ombre, chaque jour, certains se frottent les mains et ricanent machiavéliquement en observant les résultats de leur fabuleux plan. Logique.

Allégorie de la parano mondiale.

Le vrai problème, c’est que ce pessimisme et toutes ces théories très amusantes (faut avouer) poussent les gens à ne pas chercher de vraies solutions aux problèmes. Quant c’est la crise, passer des heures sur le forum à prouver l’implication de végétariens fans de Mylène Farmer ayant préempté le FMI ressemble quand même un peu à de la perte de temps. Pourquoi faire les efforts nécessaires pour enrayer la chute de la lecture chez les djeunz quand on consacre déjà son intelligence supérieure au noble artisanat dit de « la moustache d’Hitler sur opposant » ?

Si le complot est inquiétant, le théoricien lui est plutôt rigolo en fait.

Bref, le complot, je n’y crois pas. A part dans mon X-Files ou dans mes comics de Morrison et Ellis.
Ou… Non, en fait il y a un complot auquel je crois. J’ai beau lutter, celui-là je suis persuadé qu’il existe vraiment. C’est le complot du gros con d’Internet. Celui qui cherche à vous persuader qu’il n’y a que des cons sur terre ou au moins sur Internet. Celui qui poste sous 50 pseudos différents en-dessous d’un article pour y mettre ses commentaires racistes, mysogines, antisémites, débiles, méprisants ou égoïstes. Du genre de celui qui va commenter un témoignage de professeur de ZEP dépressif en lui disant que c’est bien fait pour sa gueule vu qu'il a fait grève comme tous ses connards de potes staliniens. Tous ces commentaires qui vous donnent envie de vous pendre avec votre RJ 45.
Parce que moi, je sais très bien qu’en fait c’est toujours le même. Une seule personne. Et si on avait un compteur pour le reconnaître à chaque fois, il serait beaucoup moins inquiétant. Ça en ferait un con connu, un bon con, le con qu’on serait presque heureux de retrouver en bas de chaque nouvel article.
Mais là, on n’a pas de preuve. Alors je doute...

lundi 6 décembre 2010

Wikileaks ou la peur de ce que tout le monde sait.


Deux semaines sans un billet, c'est assez inhabituel. Je pourrais me la jouer enquêteur d'élite et prétendre que je les ai passées à éplucher les révélations Wikileaks mais ce n'était qu'un bon coup de flemme hivernal (en automne).
Mais pour ce retour aux affaires, je vais faire plaisir à tout le monde et consacrer mon billet à l'information principale du moment : la neige.

Non, je déconne (Revenez !!). On n'est pas au JT ici. Revenons aux choses sérieuses.
Julian Assange aura bien fait chier les puissants avec ses télégrammes diplomatiques. Wikileaks a dévoilé des milliers d'échanges de la diplomatie américaine aux principaux journaux du monde et depuis on a droit à des "révélations" à toutes les sauces. Du genre "Nicolas Sarkozy est autoritaire"! Ou "Israel pousse les USA à la fermeté contre l'Iran"! Euh. Attendez. J'ai aussi "Poutine est un dictateur"… Ah. Bon.

Et là, c'est le drame. Le chaos. Les gouvernements du monde paniquent, la fin du monde est proche, les agences de renseignements se déchaînent pour fermer Wikileaks et se débarrasser de son fondateur. Si tout cela échoue, il restera leur dernier espoir, leur champion : Eric Besson.
Tout reposera sur lui. On le connaît le Eric, s'il faut tordre la loi voire carrément s'asseoir dessus, il le fera, c'est un fou le Eric. Il veut expulser Wikileaks du territoire français et il y arrivera ! L'expulsion, de toute façon, c'est son domaine. A ce niveau-là, c'est même limite un TOC, mais passons…

Reconstitution de la réaction d'un dirigeant international face à Wikileaks.

Pas facile d'expliquer un tel déchaînement d'énergies et d'indignation pour quelques observations faites par des diplomates. Des observations portant dans la très grande majorité des cas sur des vérités connues et reconnues. Le caractère "difficile" de notre cher président ou le fait que Silvio Berlusconi soit un obsédé sexuel incapable de diriger un pays, on a vu mieux comme secrets d'Etat, non ?
Je ne sais pas vous mais moi ça me choque un poil ce déchaînement. Que les USA soient gênés aux entournures vu qu'il s'agit bien d'un vol de documents confidentiels qui a amené tout ça, je comprends. Ca la fout mal et surtout ça peut donner quelques billes aux Etats "concurrents" sur leur manière de travailler.
Mais sinon, honnêtement, ça ne vas pas foutre par terre les relations internationales. On vient seulement de lire ce que tout le monde pense et on est presque rassurés de savoir que les diplomates américains ne sont pas plus cons que le commun des mortels quand il s'agit de proférer des évidences.

"Ne le répétez pas surtout, mais il paraîtrait que Khadafi serait dingue ! C'est du off, hein ?"

Alors, ok, la diplomatie c'est le règne de l'hypocrisie et tout le monde va avoir un peu de mal à échanger des Ferrero rochers pendant quelques mois avec le même sourire figé qu'auparavant. Tu parles d'un drame, franchement.
Espérons qu'ils ne vont pas mobiliser le Mi-5, le SD-6, le S.H.I.E.L.D. voire l'Intersecret pendant trop longtemps sur le sujet. Je souhaite aussi à Julian Assange de ne pas avoir à se la jouer Harrison Ford dans le Fugitif pendant le reste de sa vie. Ce serait ballot. Surtout que ça servira sans doute les USA à mieux sécuriser leurs documents confidentiels, donc c'est plutôt sympa de sa part !

Et encore, ça pourrait être pire. Il aurait pu révéler que la Chine espionnait Internet.

En tout cas, j'aurais bien ri avec ces fausses "révélations" et je regrette seulement l'absence d'informations plus "croustillantes". Pas avec ça que Lois Lane aurait pu gagner le pulitzer, moi je vous le dis ! Restons quand même à l'écoute, peut-être bien que Wikileaks a gardé le meilleur pour la fin…