dimanche 17 octobre 2010

Un cautère sur une jambe de bois, ou l'autre réforme des retraites.

J'ai parlé d'un petit peu tout et surtout n'importe quoi dans mes premiers billets mais il est temps de passer aux choses sérieuses !
La réforme des retraites occupe toutes les discussions depuis de nombreuses semaines déjà, chacun a son avis sur la question et je vais donc vous faire part du mien.

Je crois appartenir à la majorité des français qui s'accordent sur la nécessité d'une réforme rapide mais qui considèrent celle actuellement proposée par le gouvernement comme à la fois inégalitaire et inefficace.
Issue d'un relatif "passage en force", elle n'a intégrée aucune proposition venue de l'opposition ni surtout des syndicats. Ceux-ci n'ont d'ailleurs pas été consultés sérieusement, d'où la grogne actuelle. Elle est entièrement basée sur le report général de l'âge de départ à la retraite, une solution désagréable mais qui en plus ne règlera pas le problème puisqu'une autre réforme sera très vite nécessaire.
Bien-sûr, elle rassure les marchés et tout le monde a bien compris que c'est aujourd'hui la priorité. Il faut suivre les préconisations du FMI, ce qui permet par ailleurs de mouiller par la même occasion DSK, pourquoi se priver ? Bien entendu, on ne lit que ce qu'on veut bien lire et quelques petits malins ont vu dans le rapport du FMI d'autres conseils assez intéressants…
Il est toujours bon de s'afficher avec le garçon le plus populaire du lycée.

On se rend donc rapidement compte en écoutant aussi bien à gauche qu'à droite qu'il y aurait bien d'autres leviers à actionner. La commission Attali elle-même en énonce quelques-uns et pourtant… Attali, quoi. Je ne vais pas vous faire un dessin mais ça en dit long sur les possibilités de faire mieux ou en tout cas autrement.
Bon le modèle suédois, c'est gentillet. C'est très français de dire que les scandinaves font mieux et qu'on devrait faire pareil. Ce qui est pour moi autrement primordial c'est l'emploi des séniors. Ce sujet absolument pas traité dans la réforme, ce véritable problème français qui fait que repousser l'âge revient à baisser les cotisations (ce que le président se refuse à faire hum).
D'un côté on a la théorie : repousser l'âge de départ à la retraite repousse mécaniquement l'âge de départ du monde du travail. C'est un peu la photo du Big Mac dans la publicité.
Et en face on la dure réalité : les entreprises ne comptent rien changer. Ça par contre, c'est ce que vous allez retrouver dans votre boîte en carton après avoir payé.

 
La théorie et la pratique, c'est pareil en fast-food et en politique.

Bref, on est mal barrés. Et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on est dedans à cause d'une vision complètement pourrie des séniors et de la vieillesse en général. Les français sont trop nombreux à être convaincus que la vieillesse c'est le symptôme ultime de l'inutilité et du poids mort. En mode série de science-fiction à deux sous où il y a toujours un épisode où le héros se bat contre une maladie qui le fait vieillir de manière accélérée et où tous les autres personnages le regardent avec un air désolé voire parfaitement méprisant.
On est très loin d'une vision gratifiante de la vieillesse et de la notion d'héritage qui l'accompagne. Un peu comme chez l'éditeur DC Comics dont les héros modernes cherchent souvent le conseil des héros plus âgés, apparus pendant la seconde guerre mondiale et dont les actes font toujours référence. Voilà quelque chose qui nous manque et qui risque de nous attirer toujours davantage de problèmes. Réforme pourrie donc…

 A gauche, Wesley Dodds alias le Sandman : un héros comme on en fait plus.
A droite, le colonel O'Neill de Stargate SG-1 dans une mauvaise passe.
Vous choisissez quoi, vous ?

A vous de me dire si je me trompe sur toute la ligne où si vous pensez vous aussi que les séniors devraient être plus valorisés, et pas seulement dans le monde du travail.
Une dernière chose au fait, je fais partie des pessimistes qui pensent que quoiqu'il arrive, grève ou blocage, la réforme ne bougera plus. Le dernier vote n'est plus dans très longtemps et après, selon moi, le soufflet ne tardera pas à redescendre… Mais que ça ne nous empêche pas d'imaginer la réforme de demain ! En espérant que ce soit un véritable argument de campagne en 2012.

3 commentaires:

  1. Ca c'est clair que la vieillesse, en France, est considérée comme le summum de la décrépitude !

    Adieu, le vieux sage dispensateur de bons conseils... Celui vers qui l'on se tourne, lorsqu'on se sent perdu et qu'on ne sait pas quelle décision prendre... Il a disparu, et depuis bien longtemps. Vaincu par l'individualisme galopant et le matérialisme triomphant...

    Maintenant, "les vieux", ça sonne comme "bon à jeter", "débris encombrant", "boulet à la patte", etc... Ses précieux souvenirs ? Ses témoignages historiques ? Ses anciennes bonnes actions ? Ses contributions à la bonne marche de la société ? On n'en a cure. Tout ce qu'on voit, c'est un amas de rides, une vieille cane et une paire de lunette de traviole...

    C'est triste.

    Mais c'est pas demain la veille que cette vision des choses risque de changer. Cette réforme prouve surtout qu'elle a tendance à s'enlaidir...

    RépondreSupprimer
  2. Je suis entièrement d'accord avec cela et j'aurais même tendance à dire que ça commence de plus en plus tôt. Surtout dans le monde de l'entreprise. Que dès la quarantaine on soit "mis au rebut", j'ai vraiment du mal à comprendre. Sans pressions financières SIGNIFICATIVES sur les entreprises, il ne sera pas possible selon moi de faire changer les choses.

    RépondreSupprimer
  3. Après quelques remarques bien senties mais surtout très justes sur le manque d'idées "neuves" dans ce billet, voici quelques pistes qu'il me paraît important d'étudier pour mieux intégrer les séniors dans le monde du travail :
    -Pénaliser financièrement les entreprises qui licencient systématiquement à partir de 55 ans et récompenser celles qui conservent une très bonne présence de séniors.
    -Renforcer la formation obligatoire à partir de 40 ans, notamment dans les métiers qui ne peuvent être poursuivis trop longtemps pour cause de pénibilité.
    -Développer le tutorat en entreprise avec comme idée que les séniors apportent leur expérience aux plus jeunes embauchés.

    RépondreSupprimer