dimanche 26 septembre 2010

Immigration, il serait peut-être temps d'en parler, non ?

Aujourd’hui, je souhaiterais m’attarder un peu sur une polémique qui commence peu à peu à quitter la première page des journaux après l’avoir occupé pendant tout l’été (et je ne parle pas de la fin de Lost). Je pense bien entendu au virage sécuritaire de cet été et, en particulier, à la vague d’expulsion des roms.

On a tout dit ou presque sur le discours de Grenoble (30 Juillet, ce n’est pas si loin en fait) et ses conséquences : indignation générale, tensions internationales, exagérations (un prêtre souhaitant la mort d’un président, je dois avouer que je ne l’avais pas vu venir) et tribunes grandiloquentes dans les quotidiens nationaux.
Je ne m’attarderai pas sur les paroles et actions du gouvernement et de sa majorité, je n’ai personnellement aucun doute sur ce qui les a menés à ça et mon jugement est bien arrêté sur de telles méthodes politiques.

Nicolas Sarkozy et le président roumain : on la sent un peu la tension quand même...

En fait, là où votre avis m’intéresse, ce serait plutôt sur ce qu’on a entendu de la part de l’opposition.
On a reproché la manipulation populiste, la technique de l’écran de fumée, le manque de diplomatie ou encore le mensonge éhonté (la circulaire citant « les roms » comme cibles prioritaires en étant un bon exemple). Et, tout cela mérite reproche, je suis bien d’accord.
Pourtant tout cela n’a pas donné lieu à un débat sur la politique à adopter en matière d’immigration.

Or, que savons-nous concrètement des intentions de l’opposition sur l’immigration si elle devait revenir au pouvoir ? Le PS a-t-il proposé qu’on régularise les sans papiers ? Du côté du Modem, considère-t-on que les reconduites à la frontière doivent remplir des objectifs chiffrés ? Pour les Verts, doit-on continuer à renvoyer des citoyens roumains chez eux avec quelques centaines d’euros en poche alors qu’ils seront bientôt européens à part entière ? Mystère. Est-ce seulement moi qui ne suis pas au courant de leurs propositions en la matière ou font-ils tout pour ne pas les médiatiser ?

Le seul homme de "gauche" (joke inside) dont je connais les opinions sur l'immigration.

Il faudrait que cela change et rapidement car ces questions ne disparaîtront pas demain. Il doit être possible d’en débattre. Ceux qui soutiennent ce genre de politique anti-immigration peuvent le faire de bonne foi et avec des arguments (je vous renvoie à cette édito de the Independent qui en est un bon exemple).
Pour moi le principal argument à opposer à tout cela est le rapport avantages/inconvénients. A mon sens, l’immigration irrégulière n’est pas un poids financier majeur pour l’état ni même la principale cause d’insécurité en France. Elle fait par contre vivre d’importants secteurs de l’économie et quelques employeurs sans scrupules. Et je ne parle pas du fait que de nombreux sans papiers payent des impôts depuis des années. La régularisation serait donc un juste retour des choses selon moi. Comme vous le voyez, je suis plutôt partisan de la vision de l’immigration comme une richesse et pas comme un danger (je suis allé à bonne école : des X-men à Superman, de Gran Torino à E.T. ou encore Dark Angel et Roswell, la pop-culture n’hésite pas à se faire la métaphore de l’intégration des minorités).

Il a pas une tête bien de chez nous celui-là...

Mais il y a un problème dont je suis douloureusement conscient : les français sont majoritairement (ou presque) pour l’expulsion des sans-papiers et notamment des roms. On l’a vu avec la timide remontée dans les sondages du président en Août.
Bref, pour l’opposition et les autres, mieux vaut taper dur sur la forme que se poser les vraies questions sur le fond. Vous êtes d’accord ?

dimanche 19 septembre 2010

Journalisme à la française : une impasse ?

Jeudi dernier, au cours d'un déjeuner avec des collègues du travail, la discussion s'est arrêtée quelques instants sur les tensions actuelles entre le gouvernement et les journalistes. Une opinion semblait particulièrement partagée autour de moi : qu'on approuve ou non les actions de Nicolas Sarkozy et de ses ministres, il ne fallait pas négliger le fait que les journalistes étaient également en faute. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient trop orientés, trop prompts à critiquer l'action du gouvernement, en un mot : trop de gauche.

Dans tous vos marchands de journaux

Autant vous le dire, je suis loin de partager cette vision des choses. Je ne suis pas dans les rédactions et je ne connais pas personnellement chaque journaliste du Monde, du Figaro, de TF1, de RTL ou autre. Et, en toute honnêteté, ils peuvent bien avoir l'opinion qu'ils veulent, cela ne me préoccupe pas et je vais vous dire pourquoi.
Lorsque j'ouvre un journal ou que je suis devant mon JT, je ne ressens pas cette partialité, loin de là. L'impression que j'ai, c'est plutôt d'une neutralité molle dans la majeure partie des cas (Marianne faisant exception par exemple). Par "molle", je veux dire que les journalistes ont un peu trop souvent tendance à relater les déclarations et les évènements sans y apporter du sens ou une sorte de "valeur ajoutée". N'est-ce pas la raison pour laquelle la plupart des français ont tant de difficultés à juger de la validité des affirmations voire promesses de campagnes de nos hommes politiques ?

Si ça ne tenait qu'à moi, je préfèrerais encore que les journalistes affichent plus ouvertement leurs opinions. Une fois que vous savez que tel journaliste est plutôt social-démocrate, tel autre libéral, même si son discours est orienté, vous savez à quoi vous en tenir, non ? Sur ce thème, je suis donc complètement en ligne avec Jay Rosen, un spécialiste des médias américains récemment interviewé sur le site du Monde.
C'est bien une vision du journalisme très américaine, voire très anglo-saxonne, complètement à l'opposé de l'idéal journalistique français. De l'autre côté de l'Atlantique et de la Manche, le journaliste affiche ses idées et fait tout pour les défendre, sans hypocrisie. Hélas, j'ai bien peur que cet idéal ait trop de plomb dans l'aile pour qu'on continue à baser le journalisme d'aujourd'hui sur un socle absolu de neutralité.

Sans être obligé d'aller jusque là...

Comment en suis-je venu à vous parler de ces quelques idées ?           
Une rencontre assez fortuite entre cette discussion impromptue entre collègues et ma lecture comics du moment : un recueil d'épisodes parus début 1987, les débuts de la série The Question parue chez DC Comics. Une série particulièrement noire, à la croisée des influences du polar et de la tradition américaine du "vigilante". Centrée autour de Vic Sage, alias Charles Victor Szasz alias le héros la Question, l'histoire est située dans une ville fictionnelle (à l'image de Metropolis ou Gotham City) : Hub City qui se caractérise par sa corruption galopante et le désespoir global qui y règne. Si comme Clark Kent, il est également un journaliste, Vic Sage opère sur les plateaux télé, révélant ses scoops sur les politiques corrompus en prime-time.

Et la Question est justement un héros particulièrement engagé. Il est guidé par son indignation et elle transparait dans ses paroles comme ici : " I'm a journalist by profession. A journalist's task is to tell the truth, tell it long and loud and shrill until people do something about what's wrong…". Je pense qu'on retrouve ici cette vision anglo-saxonne du journalisme dont je vous parlais plus haut : le journaliste doit dire sa vérité et essayer de convaincre ses lecteurs/auditeurs/spectateurs que sa vérité est la vérité.
C'est la lecture de ce passage qui m'a fait me poser toutes ces questions et me demander ce qui me manquait dans le journalisme français aujourd'hui. Marrant ce qu'on peut trouver dans un comics parfois !

Le premier recueil de la série The Question : Zen and Violence édité par DC comics

A vous de me dire ce que vous en pensez, je me demande si je suis le seul à voir les choses ainsi (de ce côté de l'Atlantique en tout cas). Et si cet avant-goût du comics The Question vous a fait envie, sachez que la série est disponible intégralement en recueils (en anglais dans le texte) dans toutes les boutiques spécialisées ou chez les libraires en ligne.

A très bientôt pour un prochain billet.

Présentation

Bonjour et bienvenue à tous ceux qui passeront la porte de ce nouveaux blog.

Po(p)litiques est mon premier blog. Le but est simple : partager mes opinions, mes réactions et mes questions avec d’autres. Difficile aujourd’hui de croiser des personnes encore intéressées (ne parlons pas d’enthousiasmées) par ce vaste sujet qu’est la politique française, autre part que sur le net.

Comme vous allez rapidement vous en rendre compte, je suis plutôt friand d’actus et je n’hésiterai pas à rebondir dans mes billets sur un peu n’importe quel sujet. D’une déclaration d’un de nos chers hommes politiques à un article de fond croisé au détour d’un site média en passant par n’importe quelle idée qui me sera passée par la tête au 20h. Je ne m’interdis aucune source d’inspiration, soyez même déjà persuadés que je dévierai plus d’une fois de mon sujet : de la France vers l’Europe, de la politique vers l’économie voire de la gauche vers la droite (même si l’on sait à quel point cela peut mal tourner dans ce dernier cas !).

Une chose est sûre. Comme le titre du blog l’indique, vous me verrez souvent établir des parallèles, plus ou moins saugrenus, entre la politique et une autre de mes passions : la pop-culture. Étant plus ou moins geek, nerd ou otaku (mais pas "adulescent", faut pas déconner quand même), vous aurez l’occasion de découvrir mes très nombreuses lectures, les séries anglo-saxonnes que j’affectionne et un grand nombre de loisirs beaucoup moins communs auxquels je m’adonne. J’essaierai par la même occasion de vous faire découvrir certaines de mes références et j’espère bien que vous y prendrez goût.

Une dernière fois, bienvenue à toutes et à tous, merci à ceux qui me liront et qui viendront surtout engager la discussion ici.
Et pas plus tard que tout de suite, le premier billet pour lancer les hostilités !