mardi 14 décembre 2010

La théorie du complot et du con.

A votre avis, la société en général est-elle sur une pente ascendante ? Ou, au contraire, s’avance-t-elle à grands pas vers une apocalypse à gros budget (en 2012 bien sûr) ? Grande question, n’est-ce pas ?
De tout temps *mode dissertation de première*, l’humanité a balancé d’un côté puis de l’autre. Une confiance absolue dans le progrès et la capacité de l’homme à ne pas reproduire ses erreurs. Ou l’assurance qu’un passé lumineux est peu à peu remplacé par une chute glauque vers les ténèbres et le chaos. Une opposition comme nous les aimons tous, en mode Bien contre Mal, Jedi contre Sith ou… Steven Seagal contre Chuck Norris ?

En ce moment, en France et dans le monde, ce serait plutôt le côté « Fin du monde » qui l’emporte… Le moral des ménages, indicateur le plus déprimant qu’il soit, joue au yo-yo dans les tréfonds de l’échelle. Pour la première fois, il semblerait que l’espérance de vie ait baissé l’année passée aux USA. La crise est dans toutes les têtes et toutes les discussions, les jeunes sont des analphabètes casseurs multirécidivistes fan de Twilight et la planète sera bientôt un désert radioactif englouti sous les eaux et peuplé de vagabonds habillés en cuir (Mad Max, Ken le survivant, Fallout & co). Ça fait rêver quoi.

Le seul moyen de sauver notre avenir des jeunes.

La déprime à l’échelle planétaire est un concept assez flippant. Pour les quelques chanceux ayant pu côtoyer des personnes dépressives, vous savez que de la dépression à la parano il n’y a qu’un pas. Que les malades en question franchissent souvent d’un bond enjoué. Et lorsque c’est le monde qui déprime, la parano qui s’ensuit fait la taille d’un Mark Henry.
Conséquence immédiate : l’épidémie de théoriciens du complot persuadés que des millions de banquiers et diplomates juifs islamistes mormons supportant Obama infiltrent le gouvernement pour conquérir le monde/cacher des extraterrestres/voler nos femmes/manger nos enfants/détruire le capitalisme (rayez les mentions inutiles). Selon eux, si le monde va si mal, c’est bien que, dans l’ombre, chaque jour, certains se frottent les mains et ricanent machiavéliquement en observant les résultats de leur fabuleux plan. Logique.

Allégorie de la parano mondiale.

Le vrai problème, c’est que ce pessimisme et toutes ces théories très amusantes (faut avouer) poussent les gens à ne pas chercher de vraies solutions aux problèmes. Quant c’est la crise, passer des heures sur le forum à prouver l’implication de végétariens fans de Mylène Farmer ayant préempté le FMI ressemble quand même un peu à de la perte de temps. Pourquoi faire les efforts nécessaires pour enrayer la chute de la lecture chez les djeunz quand on consacre déjà son intelligence supérieure au noble artisanat dit de « la moustache d’Hitler sur opposant » ?

Si le complot est inquiétant, le théoricien lui est plutôt rigolo en fait.

Bref, le complot, je n’y crois pas. A part dans mon X-Files ou dans mes comics de Morrison et Ellis.
Ou… Non, en fait il y a un complot auquel je crois. J’ai beau lutter, celui-là je suis persuadé qu’il existe vraiment. C’est le complot du gros con d’Internet. Celui qui cherche à vous persuader qu’il n’y a que des cons sur terre ou au moins sur Internet. Celui qui poste sous 50 pseudos différents en-dessous d’un article pour y mettre ses commentaires racistes, mysogines, antisémites, débiles, méprisants ou égoïstes. Du genre de celui qui va commenter un témoignage de professeur de ZEP dépressif en lui disant que c’est bien fait pour sa gueule vu qu'il a fait grève comme tous ses connards de potes staliniens. Tous ces commentaires qui vous donnent envie de vous pendre avec votre RJ 45.
Parce que moi, je sais très bien qu’en fait c’est toujours le même. Une seule personne. Et si on avait un compteur pour le reconnaître à chaque fois, il serait beaucoup moins inquiétant. Ça en ferait un con connu, un bon con, le con qu’on serait presque heureux de retrouver en bas de chaque nouvel article.
Mais là, on n’a pas de preuve. Alors je doute...

lundi 6 décembre 2010

Wikileaks ou la peur de ce que tout le monde sait.


Deux semaines sans un billet, c'est assez inhabituel. Je pourrais me la jouer enquêteur d'élite et prétendre que je les ai passées à éplucher les révélations Wikileaks mais ce n'était qu'un bon coup de flemme hivernal (en automne).
Mais pour ce retour aux affaires, je vais faire plaisir à tout le monde et consacrer mon billet à l'information principale du moment : la neige.

Non, je déconne (Revenez !!). On n'est pas au JT ici. Revenons aux choses sérieuses.
Julian Assange aura bien fait chier les puissants avec ses télégrammes diplomatiques. Wikileaks a dévoilé des milliers d'échanges de la diplomatie américaine aux principaux journaux du monde et depuis on a droit à des "révélations" à toutes les sauces. Du genre "Nicolas Sarkozy est autoritaire"! Ou "Israel pousse les USA à la fermeté contre l'Iran"! Euh. Attendez. J'ai aussi "Poutine est un dictateur"… Ah. Bon.

Et là, c'est le drame. Le chaos. Les gouvernements du monde paniquent, la fin du monde est proche, les agences de renseignements se déchaînent pour fermer Wikileaks et se débarrasser de son fondateur. Si tout cela échoue, il restera leur dernier espoir, leur champion : Eric Besson.
Tout reposera sur lui. On le connaît le Eric, s'il faut tordre la loi voire carrément s'asseoir dessus, il le fera, c'est un fou le Eric. Il veut expulser Wikileaks du territoire français et il y arrivera ! L'expulsion, de toute façon, c'est son domaine. A ce niveau-là, c'est même limite un TOC, mais passons…

Reconstitution de la réaction d'un dirigeant international face à Wikileaks.

Pas facile d'expliquer un tel déchaînement d'énergies et d'indignation pour quelques observations faites par des diplomates. Des observations portant dans la très grande majorité des cas sur des vérités connues et reconnues. Le caractère "difficile" de notre cher président ou le fait que Silvio Berlusconi soit un obsédé sexuel incapable de diriger un pays, on a vu mieux comme secrets d'Etat, non ?
Je ne sais pas vous mais moi ça me choque un poil ce déchaînement. Que les USA soient gênés aux entournures vu qu'il s'agit bien d'un vol de documents confidentiels qui a amené tout ça, je comprends. Ca la fout mal et surtout ça peut donner quelques billes aux Etats "concurrents" sur leur manière de travailler.
Mais sinon, honnêtement, ça ne vas pas foutre par terre les relations internationales. On vient seulement de lire ce que tout le monde pense et on est presque rassurés de savoir que les diplomates américains ne sont pas plus cons que le commun des mortels quand il s'agit de proférer des évidences.

"Ne le répétez pas surtout, mais il paraîtrait que Khadafi serait dingue ! C'est du off, hein ?"

Alors, ok, la diplomatie c'est le règne de l'hypocrisie et tout le monde va avoir un peu de mal à échanger des Ferrero rochers pendant quelques mois avec le même sourire figé qu'auparavant. Tu parles d'un drame, franchement.
Espérons qu'ils ne vont pas mobiliser le Mi-5, le SD-6, le S.H.I.E.L.D. voire l'Intersecret pendant trop longtemps sur le sujet. Je souhaite aussi à Julian Assange de ne pas avoir à se la jouer Harrison Ford dans le Fugitif pendant le reste de sa vie. Ce serait ballot. Surtout que ça servira sans doute les USA à mieux sécuriser leurs documents confidentiels, donc c'est plutôt sympa de sa part !

Et encore, ça pourrait être pire. Il aurait pu révéler que la Chine espionnait Internet.

En tout cas, j'aurais bien ri avec ces fausses "révélations" et je regrette seulement l'absence d'informations plus "croustillantes". Pas avec ça que Lois Lane aurait pu gagner le pulitzer, moi je vous le dis ! Restons quand même à l'écoute, peut-être bien que Wikileaks a gardé le meilleur pour la fin…