mardi 14 décembre 2010

La théorie du complot et du con.

A votre avis, la société en général est-elle sur une pente ascendante ? Ou, au contraire, s’avance-t-elle à grands pas vers une apocalypse à gros budget (en 2012 bien sûr) ? Grande question, n’est-ce pas ?
De tout temps *mode dissertation de première*, l’humanité a balancé d’un côté puis de l’autre. Une confiance absolue dans le progrès et la capacité de l’homme à ne pas reproduire ses erreurs. Ou l’assurance qu’un passé lumineux est peu à peu remplacé par une chute glauque vers les ténèbres et le chaos. Une opposition comme nous les aimons tous, en mode Bien contre Mal, Jedi contre Sith ou… Steven Seagal contre Chuck Norris ?

En ce moment, en France et dans le monde, ce serait plutôt le côté « Fin du monde » qui l’emporte… Le moral des ménages, indicateur le plus déprimant qu’il soit, joue au yo-yo dans les tréfonds de l’échelle. Pour la première fois, il semblerait que l’espérance de vie ait baissé l’année passée aux USA. La crise est dans toutes les têtes et toutes les discussions, les jeunes sont des analphabètes casseurs multirécidivistes fan de Twilight et la planète sera bientôt un désert radioactif englouti sous les eaux et peuplé de vagabonds habillés en cuir (Mad Max, Ken le survivant, Fallout & co). Ça fait rêver quoi.

Le seul moyen de sauver notre avenir des jeunes.

La déprime à l’échelle planétaire est un concept assez flippant. Pour les quelques chanceux ayant pu côtoyer des personnes dépressives, vous savez que de la dépression à la parano il n’y a qu’un pas. Que les malades en question franchissent souvent d’un bond enjoué. Et lorsque c’est le monde qui déprime, la parano qui s’ensuit fait la taille d’un Mark Henry.
Conséquence immédiate : l’épidémie de théoriciens du complot persuadés que des millions de banquiers et diplomates juifs islamistes mormons supportant Obama infiltrent le gouvernement pour conquérir le monde/cacher des extraterrestres/voler nos femmes/manger nos enfants/détruire le capitalisme (rayez les mentions inutiles). Selon eux, si le monde va si mal, c’est bien que, dans l’ombre, chaque jour, certains se frottent les mains et ricanent machiavéliquement en observant les résultats de leur fabuleux plan. Logique.

Allégorie de la parano mondiale.

Le vrai problème, c’est que ce pessimisme et toutes ces théories très amusantes (faut avouer) poussent les gens à ne pas chercher de vraies solutions aux problèmes. Quant c’est la crise, passer des heures sur le forum à prouver l’implication de végétariens fans de Mylène Farmer ayant préempté le FMI ressemble quand même un peu à de la perte de temps. Pourquoi faire les efforts nécessaires pour enrayer la chute de la lecture chez les djeunz quand on consacre déjà son intelligence supérieure au noble artisanat dit de « la moustache d’Hitler sur opposant » ?

Si le complot est inquiétant, le théoricien lui est plutôt rigolo en fait.

Bref, le complot, je n’y crois pas. A part dans mon X-Files ou dans mes comics de Morrison et Ellis.
Ou… Non, en fait il y a un complot auquel je crois. J’ai beau lutter, celui-là je suis persuadé qu’il existe vraiment. C’est le complot du gros con d’Internet. Celui qui cherche à vous persuader qu’il n’y a que des cons sur terre ou au moins sur Internet. Celui qui poste sous 50 pseudos différents en-dessous d’un article pour y mettre ses commentaires racistes, mysogines, antisémites, débiles, méprisants ou égoïstes. Du genre de celui qui va commenter un témoignage de professeur de ZEP dépressif en lui disant que c’est bien fait pour sa gueule vu qu'il a fait grève comme tous ses connards de potes staliniens. Tous ces commentaires qui vous donnent envie de vous pendre avec votre RJ 45.
Parce que moi, je sais très bien qu’en fait c’est toujours le même. Une seule personne. Et si on avait un compteur pour le reconnaître à chaque fois, il serait beaucoup moins inquiétant. Ça en ferait un con connu, un bon con, le con qu’on serait presque heureux de retrouver en bas de chaque nouvel article.
Mais là, on n’a pas de preuve. Alors je doute...

lundi 6 décembre 2010

Wikileaks ou la peur de ce que tout le monde sait.


Deux semaines sans un billet, c'est assez inhabituel. Je pourrais me la jouer enquêteur d'élite et prétendre que je les ai passées à éplucher les révélations Wikileaks mais ce n'était qu'un bon coup de flemme hivernal (en automne).
Mais pour ce retour aux affaires, je vais faire plaisir à tout le monde et consacrer mon billet à l'information principale du moment : la neige.

Non, je déconne (Revenez !!). On n'est pas au JT ici. Revenons aux choses sérieuses.
Julian Assange aura bien fait chier les puissants avec ses télégrammes diplomatiques. Wikileaks a dévoilé des milliers d'échanges de la diplomatie américaine aux principaux journaux du monde et depuis on a droit à des "révélations" à toutes les sauces. Du genre "Nicolas Sarkozy est autoritaire"! Ou "Israel pousse les USA à la fermeté contre l'Iran"! Euh. Attendez. J'ai aussi "Poutine est un dictateur"… Ah. Bon.

Et là, c'est le drame. Le chaos. Les gouvernements du monde paniquent, la fin du monde est proche, les agences de renseignements se déchaînent pour fermer Wikileaks et se débarrasser de son fondateur. Si tout cela échoue, il restera leur dernier espoir, leur champion : Eric Besson.
Tout reposera sur lui. On le connaît le Eric, s'il faut tordre la loi voire carrément s'asseoir dessus, il le fera, c'est un fou le Eric. Il veut expulser Wikileaks du territoire français et il y arrivera ! L'expulsion, de toute façon, c'est son domaine. A ce niveau-là, c'est même limite un TOC, mais passons…

Reconstitution de la réaction d'un dirigeant international face à Wikileaks.

Pas facile d'expliquer un tel déchaînement d'énergies et d'indignation pour quelques observations faites par des diplomates. Des observations portant dans la très grande majorité des cas sur des vérités connues et reconnues. Le caractère "difficile" de notre cher président ou le fait que Silvio Berlusconi soit un obsédé sexuel incapable de diriger un pays, on a vu mieux comme secrets d'Etat, non ?
Je ne sais pas vous mais moi ça me choque un poil ce déchaînement. Que les USA soient gênés aux entournures vu qu'il s'agit bien d'un vol de documents confidentiels qui a amené tout ça, je comprends. Ca la fout mal et surtout ça peut donner quelques billes aux Etats "concurrents" sur leur manière de travailler.
Mais sinon, honnêtement, ça ne vas pas foutre par terre les relations internationales. On vient seulement de lire ce que tout le monde pense et on est presque rassurés de savoir que les diplomates américains ne sont pas plus cons que le commun des mortels quand il s'agit de proférer des évidences.

"Ne le répétez pas surtout, mais il paraîtrait que Khadafi serait dingue ! C'est du off, hein ?"

Alors, ok, la diplomatie c'est le règne de l'hypocrisie et tout le monde va avoir un peu de mal à échanger des Ferrero rochers pendant quelques mois avec le même sourire figé qu'auparavant. Tu parles d'un drame, franchement.
Espérons qu'ils ne vont pas mobiliser le Mi-5, le SD-6, le S.H.I.E.L.D. voire l'Intersecret pendant trop longtemps sur le sujet. Je souhaite aussi à Julian Assange de ne pas avoir à se la jouer Harrison Ford dans le Fugitif pendant le reste de sa vie. Ce serait ballot. Surtout que ça servira sans doute les USA à mieux sécuriser leurs documents confidentiels, donc c'est plutôt sympa de sa part !

Et encore, ça pourrait être pire. Il aurait pu révéler que la Chine espionnait Internet.

En tout cas, j'aurais bien ri avec ces fausses "révélations" et je regrette seulement l'absence d'informations plus "croustillantes". Pas avec ça que Lois Lane aurait pu gagner le pulitzer, moi je vous le dis ! Restons quand même à l'écoute, peut-être bien que Wikileaks a gardé le meilleur pour la fin…

lundi 22 novembre 2010

Politique rebelle.

Les filles préfèrent les mauvais garçons et les garçons aussi. A part que dans le premier cas c’est pour sortir avec et, dans le second, c’est plutôt pour en suivre les aventures.
Difficile d’ignorer la fascination qu’exercent l’anti-héros, le rebelle, le petit délinquant, le super flingueur et toutes les variantes du genre. La culture, et surtout la contre-culture, en regorgent, leur donnent le beau rôle, la jolie demoiselle et la victoire à la fin.
Mais, ces derniers temps, il me semble bien y avoir une nouvelle voie dans laquelle le bad boy peut trouver le succès : la politique.

Stone Cold Steve Austin, par exemple, il a tout pour réussir en politique !

Cette voie est par contre semée d’embûches et l’aspirant politique aura beaucoup à faire pour atteindre le graal du casier judiciaire bien rempli.
Il pourra commencer par une simple suspicion de conflits d’intérêt, comme pour Nora Berra et Frédéric Lefebvre dont les activités passées s’accordent mal avec leurs nouvelles responsabilités. Une accusation grave mais qui, en France plus que dans les pays anglo-saxons, n’est que rarement sujette au regard de la justice. Personnellement, je ne fais pas suffisamment confiance à l’honnêteté naturelle de l’être humain pour traiter ça par-dessus la jambe, mais pourquoi pas. On sait que de ce côté-là, l’exemple vient d’en haut avec un président qui a fait du mélange des genres un véritable art de vie.
Le conflit d’intérêt, pour moi, c’est un peu comme l’ancien vilain qui essaye de changer de vie et s’acoquine avec notre bon vieux héros. Dans Dragon Ball, Végéta, il a beau aider Sangoku, au vu de son passé, on s’en méfiera toujours. Et personnellement, moi, je n’irais pas voter pour Végéta (pas pour Sangoku non plus vous me direz, il est bien trop con).

Aucune chance d'être élu, celui-là par contre.


Dans le petit manuel de l’homme politique pas tout blanc, le chapitre suivant porte sur l’utilisation critiquable de ses attributions. On pense notamment aux nombreux salaires démultipliés, aux retraites dorées et aux appartements de fonctions, voire HLM pour les plus audacieux tel Benoist Apparu.
On est déjà au niveau de ceux qui estiment que s’ils ont l’occasion de se servir, ce serait idiot de se priver. Plus les règles sont vagues, plus elles seront alors tordues pour permettre de se faciliter la vie.
On pourrait comparer cela à l’idée du héros qui est prêt à aider mais qui veut se faire payer pour cela. Des Heroes for Hire de chez Marvel Comics au bon Ryo Saeba du manga City Hunter (même si lui veut surtout être payé en petites culottes, ce que je peux comprendre), les exemples sont légions et servent surtout à rehausser le profil des héros désintéressés. En politique, ça fait tout de suite moins rire vu qu’aux dernières nouvelles les responsabilités s’accompagnent déjà de salaires plutôt honorables.

Enfin, le diplôme de l’anti-héros politique est obtenu lorsque l’on a effectivement été condamné par la justice et qu’on peut donc arborer fièrement son statut avalisé par un juge.
On pense ici au revenant Alain Juppé, condamné en 2004 à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris (et déjà fortement inquiété pour prise illégale d’intérêts pour l’affaire de l’appartement de son fils) mais aussi à l’auvergnat Brice et ses bonnes blagues de fin de soirée. Du beau linge mais qui a encore beaucoup à faire pour atteindre les maîtres du genre, toujours réélus, Patrick Balkany et Serge Dassault.
Une fois qu’on a été condamné, la ligne blanche a été franchie. On ne sera plus jamais un héros, à peine peut-on espérer devenir un anti-héros qui fascine autant par son côté maléfique que par sa pseudo morale. Du Punisher de Marvel qui tue pour la justice à Dexter le serial-killer de la série éponyme, on sait que les anti-héros doivent ce qu’ils sont à un passé plus que difficile. Pas sûr que les hommes politiques puissent en dire autant…

S’il y a besoin d’un hymne pour nos hommes politiques corrompus…

« Le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument. » Une vraie belle citation en mode bac de philo après un bachotage de dernière minute.
Les quelques exemples ci-dessus (centrés sur la droite au pouvoir mais qu’on pourrait facilement élargir à certains hommes politiques à gauche) en font une vérité communément admise. Celle qui sert de terreau à ce populisme qui tâche et qui débouche bien vite sur un « tous pourris » des familles.
Et, pourtant, en regardant notre gouvernement tout beau tout neuf, on réalise que ceux qui ont « fauté » ne s’en sortent pas si mal. Si le français est prompt à s’indigner sur l’honnêteté de nos dirigeants, l’électeur ne semble jamais tenir compte de ce critère une fois placé devant l’urne. Suspecté, poursuivi ou condamné, l’homme politique peut toujours rebondir et même se faire le chevalier blanc qui accuse l’adversaire d’être un délinquant.

Signé Xavier Delucq pour Le Post.

Alors, en politique comme en comics ou en mangas, le temps des boy-scouts est-il définitivement passé ? A-t-il même jamais existé ?
Je ne cesse de me dire qu’une moralisation de la vie politique serait un grand pas en avant. Vivement que le Karachigate ou l’affaire Bettencourt explosent à la face des responsables et que tout notre paysage politique en soit transformé.
En même temps, cela me fait peur. Cette moralisation ne servirait sans doute qu’à renforcer les partis populistes et la politique de caniveau où les attaques personnelles l’emportent sur les idées… Si les seuls gagnants de tout cela ne pouvaient être que les extrêmes ?
Au moins peut-on se dire aujourd’hui que les hommes politiques sont le reflet de la société et de notre petitesse, nous citoyens…

dimanche 14 novembre 2010

La technique du bluff : Programme et Remaniement.

Sacré actualité cette semaine. Il y en avait pour tous les goûts et de tous les côtés.
On commence par la plus croustillante : le remaniement. L’apothéose de cinq mois de « suspense » (non, je déconne) à la française avec intrigues, retournements de situation, petites phrases assassines et reportages dans tous les JTs du PAF.
Sarkozy se sera fait bien plaisir en agitant les fils de ses marionnettes à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement. Au prix d’une période riche en immobilisme mais, bon, le roi danse, comme on dit. Ce qui m’aura particulièrement frappé, c’est notamment l’affichage en gros des égos et la perte de crédibilité associée. J’avais cru comprendre que la priorité pour Sarkozy était de se refaire une virginité politique suite aux nombreuses polémiques de l’été et au clash des retraites. Il aurait eu tout à gagner à insister sur le fait que son gouvernement travaillait, qu’ils visaient tous un objectif commun. Un truc dans le genre. Mais là, avec ce qu’on a vu ces dernières semaines, les français ont surtout vu des rivalités internes et des hommes politiques qui privilégiaient leur avancement aux préoccupations des français.

Le résultat n’est pas vraiment à la hauteur des espérances (au niveau surprises du chef) avec un Fillon maintenu et un Boorlo qui s’en va bouder, mais il faudra s’en contenter. Heureusement, de nombreux médias essaient de nous vendre LA SURPRISE DU REMANIEMENT : il est annoncé au cours d'un Week-end !!! C’est sûr que ça décoiffe. J’en suis tout retourneboulé. Ça me rappelle quand on a découvert il y a quelques semaines que c’était Kane qui avait agressé l’Undertaker en fait. Que d’émotions. Oui, je compare la politique au catch, je fais ce que je veux.
Ayons l'air surpris.

Bon, je me moque mais la vérité c’est que Sarkozy nous a fait un bon coup de bluff. Moi, par exemple, je comptais vous faire un joli billet uniquement dédié à l’actualité du parti socialiste, à savoir la présentation du texte dit « de Benoit Hamon » et le micro-drame qui s’en est suivi. J’ai plein de trucs à dire mais je me suis quand même senti obligé d'écrire quelques mots sur le remaniement qui vient de tomber. A l’image des médias qui vont consacrer la majeure partie de leurs infos à ce sujet et non pas aux réflexions de l’opposition, aux casseroles judiciaires ou à tous les sujets délicats car de fond. Bref, le bluff du remaniement sans cesse repoussé aura bien servi à quelque chose. Qui sait ? Ils vont peut-être même regretter de l’avoir déclenché maintenant et pas début décembre ?

De l’autre côté donc, nous avons la sortie du texte sur l’égalité réelle rédigé par plusieurs contributeurs mais porté par le porte parole du PS, Benoit Hamon. Face à la séquence remaniement du gouvernement, les socialistes ont voulu (pour une fois) la jouer sur le fond. Pas con.
Le texte est un recueil de propositions, plus ou moins marquantes ou innovantes mais qui sont censées participer à la réflexion sur le futur programme du candidat socialiste aux présidentielles. Tout le monde s’accorde à dire qu’un grand nombre de ces propositions sont très à gauche et surtout potentiellement très lourdes pour le budget de l’état. Et c’est là que le bat blesse. Les auteurs ont fait le choix, sacrément contestable, de se contenter d’énoncer tout ce qu’ils souhaiteraient faire s’ils étaient au commande. Grosse connerie. Les français reprochent toujours autant au PS de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas et de n’avoir aucune culture de gouvernement. C’est con que personne n’ait pensé à proposer plutôt une liste sur ce qu’ils POURRAIENT faire vraiment une fois au pouvoir avec les financements associés.

Difficile de faire compliqué en politique. Ils essaient tous de nous vendre du simpliste.

Ce qui fait que le texte se transforme bien vite en boulet. Les socialistes se prennent la tête entre le courant des « réalistes » et celui des « idéalistes », l’UMP rigole et Benoit Hamon n’est même pas foutu de défendre efficacement ses choix.
J’ai beau être un idéaliste (sinon je ne lirais pas des bande-dessinées sur des mecs portant leur slip par-dessus leur pantalon et protégeant la veuve et l’orphelin), j’ai vraiment du mal à les suivre cette fois-ci. On sait que les chiffres, on peut leur faire dire ce qu’on veut et que les politiques sont plutôt doués à ce jeu-là. Est-ce que ça veut dire qu’ils ne servent plus à rien ? Que les programmes politiques peuvent se contenter d’être des déclarations d’intention ? Est-ce que c’est la jurisprudence Obama avec une campagne basée sur du rêve et du story-telling ?

Franchement, je serais étonné que cela fonctionne. On est en France, pas au pays des présidents acteurs et du rêve américain.
Jamais le PS n’arrivera à gagner des votes avec ce genre de publicité. On leur reprochera toujours de manquer de sérieux et de réalisme… Encore raté.

dimanche 7 novembre 2010

Liberté de la presse : pas de quoi se la péter.

 Période de merde pour la France. A quel point de vue, me demanderez-vous ? Pas qu’un. Mais, aujourd’hui, on va regarder là où ça fait mal : la liberté de la presse.
Quelques faits pour commencer : selon l’ONG Reporters sans Frontières, le journalisme n’a jamais été en aussi mauvais état en France qu’aujourd’hui. Cool. Dans  le classement annuel des pays où la presse effectue son travail dans de bonnes conditions, la France n’a cessé de dégringoler depuis 2007. En 2010, la France a donc l’insigne honneur d’atterrir à la 44e place du classement et d’être placée derrière la Papouasie – Nouvelle Guinée, le Surinam ou encore la Jamaïque. Avec tout le respect que je dois aux papous de Nouvelle Guinée, aux compatriotes d’Edgar Davids et aux rastafaris, on n’a pas l’air cons déjà.

Vous pouvez vous moquer mais, au moins, lui, il respecte la liberté de la presse.

Ce classement est établi à partir de critères plus ou moins obscurs pour le commun des mortels. Et pourtant, pas besoin d’être un putain de génie pour arriver au même constat, surtout ces dernières semaines. Une fois de plus, l’affaire Bettencourt schlingue et balance ses effluves depuis la tête de l’état jusqu’aux journalistes chargés de l’enquête : simultanément, trois ordinateurs ont été volés dans trois rédactions différentes. Une attaque groupée sur les informations rassemblées par les journalistes. Effectuée avec compétences mais sans aucune discrétion. Comme pour intimider ou pour démontrer que personne n’est hors de portée (à ce sujet lire l’analyse de Daniel Schneidermann).
Aujourd’hui, bien malin celui qui pourra affirmer haut et fort qui est responsable sans se prendre une attaque pour diffamation dans la vue. Tout le monde a sa petite idée mais ça ne suffit pas. S’il y a une chose de sûre, c’est qu’il ne fait pas bon être journaliste d’investigation sur les sujets qui gênent tout là-haut. Certains doivent commencer à faire dans leur slip et à mettre en place quelques techniques à la mode Spooks ou Alias. On les comprend.

Quand je vois ça, je me dis que le journaliste a intérêt à être un être d’exception pour passer entre les gouttes : comme le sont tous ceux qui font leur métier dans les plus beaux pays du monde (Chine, Russie, Birmanie…).
Des héros, tous ceux là. Les modèles de leurs camarades de fiction : les Superman, Tintin, the Question*, Spider-Jerusalem et autres Lone Gunmen. Fascinant par son métier autant que par ses qualités, le journaliste est un modèle privilégié du héros combattant pour la justice et la vérité. Dans les comics et les séries, le journaliste est donc un défenseur, un protecteur, celui qui par ses talents ou ses pouvoirs peut aller là où les autres ne sont pas admis pour mettre en lumières les noirs secrets de ses ennemis ou de la société.

Le journaliste emmerde le pouvoir et c'est son boulot. Merci Spider, tu peux lâcher la pose.

Pourtant, dans notre bonne vieille et triste réalité, c’est le contraire : les journalistes doivent être protégés pour faire leur boulot d’intérêt général. Aux dernières nouvelles, la formation en école de journalisme n’incluant pas de savoir résister aux balles ou d’être champion de muay thaï, on s’attend à ce que ce soit l’Etat qui garantisse les conditions nécessaires au journalisme. Et, il semblerait qu’on soit bien cons de s’y attendre justement car, selon nos dirigeants, ça ne les concerne pas.
Et ça, ça met en rogne quand même. On ne va pas demander à ce qu’ils nous révèlent sur un plateau qu’ils espionnent, écoutent voire cambriolent mais on aimerait bien quand même qu’ils aient un minimum d’hypocrisie pour avoir l’air choqués. C’est sans doute trop demander…
Reste seulement à espérer que les journalistes arriveront à s’en sortir seuls voire contre tous. Vous y croyez, vous ? Moi j’ai du mal depuis qu’au JT de 20h de France 2 mercredi soir, l’information sur les accusations d’écoute du Canard Enchaîné a été traitée en tant que brèves à 20h20, sans images et sans aucun putain de commentaire. Merci Pujadas pour votre engagement en faveur de vos confrères.

C'est sûr qu'en interview, y a pire.

Car, oui, il n’y a pas que le journaliste héros, curseur de la démocratie en bonne santé, il y a aussi le journaliste carpette qui lit les communiqués du pouvoir.
A méditer.

*Je viens de me terminer la relecture du second recueil de la série et c’est toujours un vrai bonheur de lecture. Dennis O’Neil a vraiment la plume pour aller chercher les sujets sérieux (contamination des sols, républiques bananières et autres) et y confronter son héros de plus en plus philosophe. Un régal, je conseille.

lundi 1 novembre 2010

La machine à voyager dans la politique.

Un "long" weekend : trois jours. Ça paraît énorme avant que ça ait commencé. Une fois lancé, ça parait juste normal et, après coup, on pourrait jurer que c'était tout aussi court que d'habitude. Il y a peu de choses plus flexibles que notre perception du temps. C'est sans doute ça qui rend aussi fascinant les nombreuses fictions présentant des voyageurs temporels. Lorsque je suis devant Doctor Who, je n'ai aucun mal à croire qu'il est possible de manipuler le temps pour s'y déplacer comme sur une autoroute. Tout simplement parce que nous avons la sensation chaque jour que le passage du temps est tout sauf immuable.
Cette introduction m'amène, comme toujours, à faire un parallèle avec notre bonne vieille politique française : depuis 2007, le temps politique semble s'être grandement accéléré à l'impulsion de Nicolas Sarkozy et de son parti. Les déclarations des hommes politiques ne se sont jamais succédé aussi rapidement, mettant à profit autant que possible les nouvelles technologies.

The Tardis of Doctor Sarkozy.

Occuper le terrain, afficher bruyamment ses opinions et surtout démontrer toujours davantage qu'on agit, qu'on réforme et surtout qu'on ne cède pas. Chaque action et chaque déclaration efface la précédente, l'empêchant d'être analysée et donnant cette impression d'urgence, de temps qui s'accélère.
Mon sentiment est que cette nouvelle manière de faire de la politique, en plus de remplacer le fond par la forme, est la principale cause de l'apparition de ce qu'on appelle "la droite décomplexée".
Qu'est-ce que la droite décomplexée ? Pour moi, c'est cette frange de l'UMP qui est prêt à faire sienne un discours autrefois réservé au Front National et qui choque jusqu'à l'international. C'est aussi cette aile du parti qui arrive à provoquer des remous à l'intérieur même de l'UMP avec ses positions les plus polémiques (quelques exemples ici, et encore ici). Si la droite décomplexée a ses porte-étendards, elle se manifeste à l'occasion dans les discours de nombreux hommes politiques à droite et pas uniquement ceux appartenant au mouvement Droite Populaire.

La droite décomplexée regrouperait donc des personnes, des groupes, des idées et même une mode. Pas très clair tout ça, et pourtant je fais de mon mieux pour expliquer ! Si, si, je vous jure.
Et si la droite décomplexée était en réalité un concept multiforme ? Voire une entité indépendante qui se manifeste indépendamment de la volonté de ses porte-paroles, pervertissant le discours politique et les valeurs démocratiques de la république ! La droite décomplexée… une incarnation anthropomorphique au même titre que Dream ou Death des Endless (les Eternels en VF) du comics Sandman par Neil Gaiman. Un être qui se déplacerait secrètement au milieu des hommes, les influençant et les transformant subtilement.  Ca fout les jetons, non ?

Lequel pourrait le mieux représenter la droite décomplexée à votre avis ?
Bon. J’aimerais bien y croire mais la droite décomplexée, c’est simplement l’avatar français d’un mouvement international. Le retour vers une politique populiste et anti-immigration qui, bien que minoritaire, étouffe la grande majorité de modérés. On en connaît les conséquences : banalisation de l’extrémisme et mise en danger des minorités fragiles.
Une seule chose à dire donc : soyons vigilants et surtout intraitables avec les dérapages, les sous-entendus et autres appels du pied qui foisonnent sérieusement du côté de notre parti présidentiel. Que les médias continuent à en être commentateurs, et surtout critiques, et que la justice n’hésite pas à condamner chaque fois que c’est nécessaire. Même si on peut regretter que nous soyons dans un pays où un ministre condamné pour injure raciste puisse rester au gouvernement sans que cela indigne qui que ce soit ou presque.

Sans commentaire.
 
C’est la fin de ce petit billet en mode mini coup de gueule auquel je pensais depuis un certain temps.
Si vous avez besoin de vous changer les idées comme moi, je ne peux que vous inviter à découvrir cette superbe série Sandman, commencée il y a déjà 20 ans et que de nombreux lecteurs de comics considèrent à juste titre comme un des chefs d’œuvre du genre. Suivez les aventures de Dream, le seigneur du monde des rêves auprès des hommes, des anges et des démons, à travers les siècles.

The Sandman par Neil Gaiman chez DC Comics : chaudement recommandé.

PS : J’ai récemment commencé la lecture de la série Sandman par l’achat du premier tome de l’édition luxueuse « Absolute » en version originale. La série a également été éditée en français il y a quelques années mais j’ai vu ici et là quelques critiques peu amènes sur le niveau de traduction. A vous de voir...

mercredi 27 octobre 2010

Liberté – Sacré – Sécurité : les étoiles semblent bien lointaines.

Le Week-end dernier, j’avançais lentement mais sûrement mon visionnage de la troisième saison de Battlestar Galactica (oui, j’ai pris l’habitude de regarder toutes mes séries ou presque avec une voire plusieurs années de retard…).
Ce qui me plaît dans cette série, c’est la cohabitation d'une vision futuriste et de problématiques bien actuelles.
L’action se situe quand même dans des vaisseaux spatiaux géants traversant la galaxie en essayant d’échapper à une race robotique et intelligente, les cylons. Tout ce qu’il faut pour plaire à ceux qui comme moi ont eu leur enfance bercée par Star Wars, les romans d’Isaac Asimov et de Frank Herbert. Les personnages, eux, se débattent dans des intrigues amoureuses, politiques et religieuses.

 Isaac Asimov. Ça, c'est de l'auteur.

Le fond religieux est même un peu trop présent à mon goût avec des prophéties et des divinités issues de la mythologie gréco-romaine présentes dans chaque épisode entre les cyborgs et les sauts dans l'hyperespace. Un mélange qui ne me parle pas trop.
Je suis un athée convaincu. Si on me demande mon avis, la religion est à l'avancée humaine ce que la politique est à un repas de famille : le meilleur moyen de pourrir l'ambiance et de s'assurer que personne ne va pouvoir s'amuser (souvent le Vatican fait tout ce qu'il peut pour s'assurer que je ne change pas d'avis, comme ici). Donc un futur lointain avec une science avancée mais plein de religions, ben… je n'y crois pas trop.

C'est sûr que ce n'est pas lui qui irait nous créer des cylons.

A côté de cela, les scénaristes aiment aussi jouer sur le thème de la sécurité et de tous ce que les hommes sont prêts à abandonner lorsqu'ils se sentent menacés : la démocratie et les libertés fondamentales, par exemple. Ca nous parle, hein ?
Quand certains militaires sont prêts à torture pour identifier des cylons infiltrés, tout le monde comprend qu'on parle de guerre contre le terrorisme à l'américaine. Mais, plus proche de nous, ca me rappelle aussi ce qu'on entend de plus en plus à droite : "la sécurité est la première des libertés". C'est même devenu le leitmotiv des membres de la Droite Populaire au sein de l'UMP (du côté où on fricote avec le FN). Un adage sacrément dangereux selon moi, il laisse entendre que la sécurité vaudrait tous les sacrifices, notamment celui de la liberté de circuler ou de la vie privée. Carrément con comme idée. Ce qui n'empêche pas la gauche de s'y engouffrer comme un seul homme au lieu de marquer sa différence. On n'est vraiment pas aidés…

Est-ce si difficile d'orienter le débat sur d'autres thèmes pourtant ? L'opposition doit-elle systématiquement jouer sur le même terrain que le gouvernement ? Je pense carrément le contraire et je le montre avec une idée bien farfelue pas plus tard que maintenant.
Les élections ça devrait se gagner sur des programmes ambitieux et novateurs : moi, je veux qu'un candidat me promette de tout faire pour relancer un programme européen de conquête spatiale.
Ras le bol d'entendre parler chaque mois d'une nouvelle planète "peut-être" habitable mais encore complètement inatteignable. Je veux, de mon vivant, voir des images de ces planètes avec des mecs tout blancs qui sautillent comme des kangourous. Je veux aller manifester contre une multinationale qui exploite les ressources de la lune à tout va, comme dans le film Moon. Et je veux visiter une station spatiale, aussi (ça marche si on est milliardaire).
C'est aussi à ça que devrait servir la politique, comme dans les années 60 aux USA : à regarder vers les étoiles et à préparer le futur. On ne va quand même pas commencer à regretter l'époque de la guerre froide quand même, si ??

Moi je vote pour lui. Direct.

Bon. Ou sinon avoir un programme électoral centré sur l'éducation et la recherche. Ce serait déjà bien (mais j'aimerais bien aller dans l'espace quand même…).

Et vous alors, vous n'auriez pas des idées un peu dingues sur une autre manière de faire de la politique ?

PS 1 : tout ça à cause de Battlestar Galactica. Imaginez un peu ce que m'inspire Dexter…
PS 2 : vraiment désolé pour le retard dans l'arrivée de ce nouveau billet, la semaine a été particulièrement bien remplie !

dimanche 17 octobre 2010

Un cautère sur une jambe de bois, ou l'autre réforme des retraites.

J'ai parlé d'un petit peu tout et surtout n'importe quoi dans mes premiers billets mais il est temps de passer aux choses sérieuses !
La réforme des retraites occupe toutes les discussions depuis de nombreuses semaines déjà, chacun a son avis sur la question et je vais donc vous faire part du mien.

Je crois appartenir à la majorité des français qui s'accordent sur la nécessité d'une réforme rapide mais qui considèrent celle actuellement proposée par le gouvernement comme à la fois inégalitaire et inefficace.
Issue d'un relatif "passage en force", elle n'a intégrée aucune proposition venue de l'opposition ni surtout des syndicats. Ceux-ci n'ont d'ailleurs pas été consultés sérieusement, d'où la grogne actuelle. Elle est entièrement basée sur le report général de l'âge de départ à la retraite, une solution désagréable mais qui en plus ne règlera pas le problème puisqu'une autre réforme sera très vite nécessaire.
Bien-sûr, elle rassure les marchés et tout le monde a bien compris que c'est aujourd'hui la priorité. Il faut suivre les préconisations du FMI, ce qui permet par ailleurs de mouiller par la même occasion DSK, pourquoi se priver ? Bien entendu, on ne lit que ce qu'on veut bien lire et quelques petits malins ont vu dans le rapport du FMI d'autres conseils assez intéressants…
Il est toujours bon de s'afficher avec le garçon le plus populaire du lycée.

On se rend donc rapidement compte en écoutant aussi bien à gauche qu'à droite qu'il y aurait bien d'autres leviers à actionner. La commission Attali elle-même en énonce quelques-uns et pourtant… Attali, quoi. Je ne vais pas vous faire un dessin mais ça en dit long sur les possibilités de faire mieux ou en tout cas autrement.
Bon le modèle suédois, c'est gentillet. C'est très français de dire que les scandinaves font mieux et qu'on devrait faire pareil. Ce qui est pour moi autrement primordial c'est l'emploi des séniors. Ce sujet absolument pas traité dans la réforme, ce véritable problème français qui fait que repousser l'âge revient à baisser les cotisations (ce que le président se refuse à faire hum).
D'un côté on a la théorie : repousser l'âge de départ à la retraite repousse mécaniquement l'âge de départ du monde du travail. C'est un peu la photo du Big Mac dans la publicité.
Et en face on la dure réalité : les entreprises ne comptent rien changer. Ça par contre, c'est ce que vous allez retrouver dans votre boîte en carton après avoir payé.

 
La théorie et la pratique, c'est pareil en fast-food et en politique.

Bref, on est mal barrés. Et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on est dedans à cause d'une vision complètement pourrie des séniors et de la vieillesse en général. Les français sont trop nombreux à être convaincus que la vieillesse c'est le symptôme ultime de l'inutilité et du poids mort. En mode série de science-fiction à deux sous où il y a toujours un épisode où le héros se bat contre une maladie qui le fait vieillir de manière accélérée et où tous les autres personnages le regardent avec un air désolé voire parfaitement méprisant.
On est très loin d'une vision gratifiante de la vieillesse et de la notion d'héritage qui l'accompagne. Un peu comme chez l'éditeur DC Comics dont les héros modernes cherchent souvent le conseil des héros plus âgés, apparus pendant la seconde guerre mondiale et dont les actes font toujours référence. Voilà quelque chose qui nous manque et qui risque de nous attirer toujours davantage de problèmes. Réforme pourrie donc…

 A gauche, Wesley Dodds alias le Sandman : un héros comme on en fait plus.
A droite, le colonel O'Neill de Stargate SG-1 dans une mauvaise passe.
Vous choisissez quoi, vous ?

A vous de me dire si je me trompe sur toute la ligne où si vous pensez vous aussi que les séniors devraient être plus valorisés, et pas seulement dans le monde du travail.
Une dernière chose au fait, je fais partie des pessimistes qui pensent que quoiqu'il arrive, grève ou blocage, la réforme ne bougera plus. Le dernier vote n'est plus dans très longtemps et après, selon moi, le soufflet ne tardera pas à redescendre… Mais que ça ne nous empêche pas d'imaginer la réforme de demain ! En espérant que ce soit un véritable argument de campagne en 2012.

dimanche 10 octobre 2010

La tortue PS.

Après une petite pause la semaine dernière, me voici de retour en pleine forme pour un nouveau billet !

Je poursuis sur ma lancée de la dernière fois pour vous parler de la (très) lente montée en puissance du parti socialiste en vu des prochaines présidentielles.
Ces dernières semaines (voire mois et années), un des grands plaisirs de l'UMP a été de fustiger le manque de propositions concrètes du côté du PS.
La réforme des retraites aura permis à Xavier Bertrand de s'illustrer avec un bel exemple du genre puisqu'il a proposé un débat à Martine Aubry… après le vote à l'assemblée !

 On dirait qu'on a tout rangé. C'est sans doute le moment de débattre.

Cette manœuvre, je la rapprocherais du "coup divin" en go (les lecteurs du manga Hikaru No Go me comprendront, les autres moins). L'adversaire a obligatoirement perdu quel que soit son prochain coup.
Soit il refuse le débat, comme ici, et se fait donc reprocher d'être dans l'opposition gratuite et sans idées, soit il l'accepte et se retrouve dans une position intenable à défendre un projet hypothétique face à un projet voté et bouclé. Bilan des courses : 1 à 0 pour Xavier Bertrand. C'est pour moi particulièrement malhonnête de procéder ainsi quand la réforme aurait justement du être collégiale et intégrer les propositions venant aussi bien de l'opposition que des syndicats. Mais on a eu droit à l'exact opposé avec une réforme venu d'en haut et décidée par un seul camp. Nous ne vous disons pas merci monsieur Bertrand.

Comme Xavier Bertrand, un bon joueur de go ne doit pas négliger de s'entrainer aussi au pipeau.

Heureusement, le PS ne se fait pas toujours avoir avec autant de facilité. Il peut même lui arriver, chose incroyable, de prendre l'initiative. Ce samedi, le PS a ainsi présenté son programme de politique étrangère pour les prochaines années.
On y apprend notamment qu'il est favorable à un gouvernement économique européen, qu'il réfléchit à quelque chose qui ressemble fortement à un protectionnisme européen et qu'il compte bien faire sortir la France du commandement intégré de l'OTAN. Rien de très surprenant, vous en conviendrez, mais c'est justement ça le plus fort : ça n'a pas besoin d'être révolutionnaire.
Je me demande même s'il est si important que les idées soient bonnes. Aujourd'hui, le PS a besoin de communiquer sur le fait qu'il a des idées réalistes, développées et qui sont partagées par la direction et les militant. C'est le seul moyen de convaincre qu'il est à nouveau prêt pour l'alternance après 17 années de présidence de droite.

Pour ma part, toutes les propositions visant à renforcer l'organisation européennes sont en tout cas bonnes à prendre. Je rêve d'une union européenne avec une gouvernance forte à même de contrebalancer l'influence des américains en Occident.
Reste à espérer que les américains nous en laisseront le temps et qu'il ne se serviront pas de leur soldat du futur pour nous envahir…

Un marine 2.0 sur le point de faire un massacre.

Et vous alors, ça vous fait peur ? Suffisamment pour compter sur le PS pour vous en protéger ?

dimanche 26 septembre 2010

Immigration, il serait peut-être temps d'en parler, non ?

Aujourd’hui, je souhaiterais m’attarder un peu sur une polémique qui commence peu à peu à quitter la première page des journaux après l’avoir occupé pendant tout l’été (et je ne parle pas de la fin de Lost). Je pense bien entendu au virage sécuritaire de cet été et, en particulier, à la vague d’expulsion des roms.

On a tout dit ou presque sur le discours de Grenoble (30 Juillet, ce n’est pas si loin en fait) et ses conséquences : indignation générale, tensions internationales, exagérations (un prêtre souhaitant la mort d’un président, je dois avouer que je ne l’avais pas vu venir) et tribunes grandiloquentes dans les quotidiens nationaux.
Je ne m’attarderai pas sur les paroles et actions du gouvernement et de sa majorité, je n’ai personnellement aucun doute sur ce qui les a menés à ça et mon jugement est bien arrêté sur de telles méthodes politiques.

Nicolas Sarkozy et le président roumain : on la sent un peu la tension quand même...

En fait, là où votre avis m’intéresse, ce serait plutôt sur ce qu’on a entendu de la part de l’opposition.
On a reproché la manipulation populiste, la technique de l’écran de fumée, le manque de diplomatie ou encore le mensonge éhonté (la circulaire citant « les roms » comme cibles prioritaires en étant un bon exemple). Et, tout cela mérite reproche, je suis bien d’accord.
Pourtant tout cela n’a pas donné lieu à un débat sur la politique à adopter en matière d’immigration.

Or, que savons-nous concrètement des intentions de l’opposition sur l’immigration si elle devait revenir au pouvoir ? Le PS a-t-il proposé qu’on régularise les sans papiers ? Du côté du Modem, considère-t-on que les reconduites à la frontière doivent remplir des objectifs chiffrés ? Pour les Verts, doit-on continuer à renvoyer des citoyens roumains chez eux avec quelques centaines d’euros en poche alors qu’ils seront bientôt européens à part entière ? Mystère. Est-ce seulement moi qui ne suis pas au courant de leurs propositions en la matière ou font-ils tout pour ne pas les médiatiser ?

Le seul homme de "gauche" (joke inside) dont je connais les opinions sur l'immigration.

Il faudrait que cela change et rapidement car ces questions ne disparaîtront pas demain. Il doit être possible d’en débattre. Ceux qui soutiennent ce genre de politique anti-immigration peuvent le faire de bonne foi et avec des arguments (je vous renvoie à cette édito de the Independent qui en est un bon exemple).
Pour moi le principal argument à opposer à tout cela est le rapport avantages/inconvénients. A mon sens, l’immigration irrégulière n’est pas un poids financier majeur pour l’état ni même la principale cause d’insécurité en France. Elle fait par contre vivre d’importants secteurs de l’économie et quelques employeurs sans scrupules. Et je ne parle pas du fait que de nombreux sans papiers payent des impôts depuis des années. La régularisation serait donc un juste retour des choses selon moi. Comme vous le voyez, je suis plutôt partisan de la vision de l’immigration comme une richesse et pas comme un danger (je suis allé à bonne école : des X-men à Superman, de Gran Torino à E.T. ou encore Dark Angel et Roswell, la pop-culture n’hésite pas à se faire la métaphore de l’intégration des minorités).

Il a pas une tête bien de chez nous celui-là...

Mais il y a un problème dont je suis douloureusement conscient : les français sont majoritairement (ou presque) pour l’expulsion des sans-papiers et notamment des roms. On l’a vu avec la timide remontée dans les sondages du président en Août.
Bref, pour l’opposition et les autres, mieux vaut taper dur sur la forme que se poser les vraies questions sur le fond. Vous êtes d’accord ?

dimanche 19 septembre 2010

Journalisme à la française : une impasse ?

Jeudi dernier, au cours d'un déjeuner avec des collègues du travail, la discussion s'est arrêtée quelques instants sur les tensions actuelles entre le gouvernement et les journalistes. Une opinion semblait particulièrement partagée autour de moi : qu'on approuve ou non les actions de Nicolas Sarkozy et de ses ministres, il ne fallait pas négliger le fait que les journalistes étaient également en faute. Pourquoi ? Parce qu'ils étaient trop orientés, trop prompts à critiquer l'action du gouvernement, en un mot : trop de gauche.

Dans tous vos marchands de journaux

Autant vous le dire, je suis loin de partager cette vision des choses. Je ne suis pas dans les rédactions et je ne connais pas personnellement chaque journaliste du Monde, du Figaro, de TF1, de RTL ou autre. Et, en toute honnêteté, ils peuvent bien avoir l'opinion qu'ils veulent, cela ne me préoccupe pas et je vais vous dire pourquoi.
Lorsque j'ouvre un journal ou que je suis devant mon JT, je ne ressens pas cette partialité, loin de là. L'impression que j'ai, c'est plutôt d'une neutralité molle dans la majeure partie des cas (Marianne faisant exception par exemple). Par "molle", je veux dire que les journalistes ont un peu trop souvent tendance à relater les déclarations et les évènements sans y apporter du sens ou une sorte de "valeur ajoutée". N'est-ce pas la raison pour laquelle la plupart des français ont tant de difficultés à juger de la validité des affirmations voire promesses de campagnes de nos hommes politiques ?

Si ça ne tenait qu'à moi, je préfèrerais encore que les journalistes affichent plus ouvertement leurs opinions. Une fois que vous savez que tel journaliste est plutôt social-démocrate, tel autre libéral, même si son discours est orienté, vous savez à quoi vous en tenir, non ? Sur ce thème, je suis donc complètement en ligne avec Jay Rosen, un spécialiste des médias américains récemment interviewé sur le site du Monde.
C'est bien une vision du journalisme très américaine, voire très anglo-saxonne, complètement à l'opposé de l'idéal journalistique français. De l'autre côté de l'Atlantique et de la Manche, le journaliste affiche ses idées et fait tout pour les défendre, sans hypocrisie. Hélas, j'ai bien peur que cet idéal ait trop de plomb dans l'aile pour qu'on continue à baser le journalisme d'aujourd'hui sur un socle absolu de neutralité.

Sans être obligé d'aller jusque là...

Comment en suis-je venu à vous parler de ces quelques idées ?           
Une rencontre assez fortuite entre cette discussion impromptue entre collègues et ma lecture comics du moment : un recueil d'épisodes parus début 1987, les débuts de la série The Question parue chez DC Comics. Une série particulièrement noire, à la croisée des influences du polar et de la tradition américaine du "vigilante". Centrée autour de Vic Sage, alias Charles Victor Szasz alias le héros la Question, l'histoire est située dans une ville fictionnelle (à l'image de Metropolis ou Gotham City) : Hub City qui se caractérise par sa corruption galopante et le désespoir global qui y règne. Si comme Clark Kent, il est également un journaliste, Vic Sage opère sur les plateaux télé, révélant ses scoops sur les politiques corrompus en prime-time.

Et la Question est justement un héros particulièrement engagé. Il est guidé par son indignation et elle transparait dans ses paroles comme ici : " I'm a journalist by profession. A journalist's task is to tell the truth, tell it long and loud and shrill until people do something about what's wrong…". Je pense qu'on retrouve ici cette vision anglo-saxonne du journalisme dont je vous parlais plus haut : le journaliste doit dire sa vérité et essayer de convaincre ses lecteurs/auditeurs/spectateurs que sa vérité est la vérité.
C'est la lecture de ce passage qui m'a fait me poser toutes ces questions et me demander ce qui me manquait dans le journalisme français aujourd'hui. Marrant ce qu'on peut trouver dans un comics parfois !

Le premier recueil de la série The Question : Zen and Violence édité par DC comics

A vous de me dire ce que vous en pensez, je me demande si je suis le seul à voir les choses ainsi (de ce côté de l'Atlantique en tout cas). Et si cet avant-goût du comics The Question vous a fait envie, sachez que la série est disponible intégralement en recueils (en anglais dans le texte) dans toutes les boutiques spécialisées ou chez les libraires en ligne.

A très bientôt pour un prochain billet.

Présentation

Bonjour et bienvenue à tous ceux qui passeront la porte de ce nouveaux blog.

Po(p)litiques est mon premier blog. Le but est simple : partager mes opinions, mes réactions et mes questions avec d’autres. Difficile aujourd’hui de croiser des personnes encore intéressées (ne parlons pas d’enthousiasmées) par ce vaste sujet qu’est la politique française, autre part que sur le net.

Comme vous allez rapidement vous en rendre compte, je suis plutôt friand d’actus et je n’hésiterai pas à rebondir dans mes billets sur un peu n’importe quel sujet. D’une déclaration d’un de nos chers hommes politiques à un article de fond croisé au détour d’un site média en passant par n’importe quelle idée qui me sera passée par la tête au 20h. Je ne m’interdis aucune source d’inspiration, soyez même déjà persuadés que je dévierai plus d’une fois de mon sujet : de la France vers l’Europe, de la politique vers l’économie voire de la gauche vers la droite (même si l’on sait à quel point cela peut mal tourner dans ce dernier cas !).

Une chose est sûre. Comme le titre du blog l’indique, vous me verrez souvent établir des parallèles, plus ou moins saugrenus, entre la politique et une autre de mes passions : la pop-culture. Étant plus ou moins geek, nerd ou otaku (mais pas "adulescent", faut pas déconner quand même), vous aurez l’occasion de découvrir mes très nombreuses lectures, les séries anglo-saxonnes que j’affectionne et un grand nombre de loisirs beaucoup moins communs auxquels je m’adonne. J’essaierai par la même occasion de vous faire découvrir certaines de mes références et j’espère bien que vous y prendrez goût.

Une dernière fois, bienvenue à toutes et à tous, merci à ceux qui me liront et qui viendront surtout engager la discussion ici.
Et pas plus tard que tout de suite, le premier billet pour lancer les hostilités !