Le résultat des cantonales a mis des chiffres sur ce que de nombreux analystes politiques prédisaient depuis plusieurs mois. Les dernières manœuvres politiques menées depuis l’Élysée n’ont, au mieux, pas réussi à ramener le vote populaire vers l’UMP, au pire, revigoré le FN à un niveau jamais vu depuis 2002.
Reste seulement à ne pas occulter l’effet prévisible d’une crise économique sur le vote populiste, cela par pur plaisir de souligner la torgnole que vient de se prendre le président. Autre chose à ne pas occulter : la progression du PS qui aurait pu (du ?) être bien plus importante si le parti s’était mis en ordre de bataille pour faire des cantonales autre chose qu’une élection à plus de 50% d’abstentionnistes (les vrais vainqueurs, il ne faudrait pas mettre ça sous le tapis).
Et maintenant, la panique commence à monter, lentement mais sûrement, du côté du premier parti de France (enfin, de celui qui se plaît à se faire appeler ainsi vu que personne ne connaît vraiment le nombre d’adhérents, spéciale dédicace au prestidigitateur Xavier Bertrand).
On ne nous fera pas croire que les députés et ministres paniquent à cause de la menace que fait porter le FN sur la république. Ils voient seulement avec une peur grandissante la présidentielle, et surtout les législatives 2012, s’approcher à grands pas tandis que leur champion creuse toujours plus profonds les abysses des sondages d’opinion. D’où les « prises de position courageuses », les « appels à un changement de politique » et autres « postures républicaines » qui ne sont rien d’autres que les petites tentatives de cumulards apeurés pour se protéger d’une défaite annoncée.
Il y a toujours des risques à l'ouvrir. |
Une fois de plus, difficile de ne pas passer sa rage sur le petit mobilier (ou la vaisselle, à vous de voir) lorsqu’on est témoin d’un tel manque de courage et de probité politique. On finit par rêver du jour où certains hommes politiques de droite honnêtes (ne rigolez pas) seront capables de dire clairement qu’ils ne se reconnaissent pas dans une politique dictée par un ancien directeur du journal Minute et qu’en conséquence ils ne peuvent donc plus soutenir un parti/gouvernement/président qui ne peut plus se soulager sans que M. Buisson ne la lui tienne.
En attendant, il semble surtout que l’ensemble de la majorité s’entraîne au grand écart : avoir l’air le plus éloigné possible du président tout en gardant un pied bien ancré au sein de son parti. Entre Borloo qui fait surtout monter les enchères pour ne pas se présenter et Villepin qui va finir par prendre le petit déj’ à l’Elysée tous les matins, c’est à se frapper la tête contre les murs…
Grande question : un bouleversement du paysage politique est-il possible à droite ? Y aura-t-il un Dark Vador (ou Darth Vader pour nos amis puristes) pour se rebeller contre l’Empereur au dernier moment ? Ou, tels une bande de lemmings abrutis, iront-ils tous se jeter en file indienne dans le gouffre que le premier d’entre eux aura creusé ?
Les effets de la tentation du vote FN sur le teint sont assez désastreux. |
Personnellement, j’ai tendance à croire que le mince espoir d’une victoire sur le fil de Sarkozy suffira à conserver l’unité de la famille et qu’il faudra attendre la probable défaite aux élections pour assister à l’éclatement de la machine à perdre. Dans un déchaînement de rivalités sordides, cela va sans dire. Messieurs Copé et Fillon aiguisent déjà leurs lames en futurs Némésis qui se respectent. Reste à savoir qui est Superman et qui est Lex Luthor…